Essai honorable, pas tout à fait transformé

Le passage d'un chanteur par la case littéraire n'est pas une réussite garantie. Avec les nouvelles de Raphaël Haroche, le contrat est rempli de façon honorable sans s'attarder trop longtemps sur les cimes.

L'auteur a une indéniable maîtrise dans les évocations implicites. En une poignée de mots, on comprend que l'on se trouve en Corse sans que l'Île de beauté soit mentionnée au début de La réserve.

Certaines intrigues sont aussi savoureuses, par exemple :

• la piètre échappée de deux vieillards (Les acacias)


• les minables vacances d'un quadragénaire avec sa mère qu'il adore détester (Retourner à la mer)


• La plus belle fille du monde qui ânonne les choses les plus laides.

Le sommet du recueil est à mon avis Le dernier des pères. Très beau titre, un désespoir resséré dans l'habitacle d'une voiture, et à l'arrivée la lueur d'une rédemption encore possible.

Mais à côté de ces qualités, Retourner à la mer souffre de pas mal de lourdeurs. Par exemple, des fins expédiées, qui contrebalancent des chutes bien maîtrisées (un rêve récurrent et expiatoire dans L'escalier, une ironie proche de Houellebecq dans Retourner à la mer).

Les achèvements de L'homme des sables ou des Orques ont un côté bâclé, alors que la mise en place promettait autre chose. C'est un style, les frères Coen en sont coutumiers dans beaucoup de leurs films, mais ça reste un effet risqué.

Il y a également certaines nouvelles un peu déstabilisantes, où l'on sent un frémissement sans que l'histoire décolle. Cette impression de tourner à vide est assez présente dans L'homme qui nage, Rester au lit et Lazare (cela dit beaucoup d'éléments sont semés avec finesse dans cette dernière).

Même si l'ensemble est inégal et aurait gagné à être allégé, ce recueil reste une bonne surprise. Prometteuse, sans être flamboyante.