Présenté comme le cinquième tome (un tome "spin-off" le précède en théorie) de la série Les Annales de la Compagnie Noire par Glen Cook, Rêves d'Acier reprend la débâcle du dernier tome pour faire emprunter à ses personnages de nouveaux chemins semés d'embûches, des embûches capables de faire revenir à la vie les pires calamités, pour notre plus grand plaisir de lecteur.
Toubib est laissé pour mort après la bataille de Dejagore, c'est à Madame que revient les rênes de la célèbre Compagnie noire et elle compte bien faire survivre sa mémoire malgré quelques récalcitrants. Mais les Maîtres d'Ombres sont toujours là et il faut lever une nouvelle armée : c'est l'emprise que commence Madame qui cherche également à s'épauler d'assassins qui pensent qu'elle est l'incarnation de leur déesse malveillante.
Pas plus de spoil !
Et c'est bien la grande nouveauté de ce tome : le narrateur n'est plus Toubib, les annales ne sont plus tenues par feu sa personne. Madame prend du grade et de la place : les annales de la Compagnie noire et son histoire passeront désormais entre ses mains ; autant dire que le changement se fait sentir. Là où nous avions un Toubib cherchant la diplomatie avant tout, l'ancienne impératrice de la Domination fait parler le fracas des lames : les pourparlers retardent bien plus qu'ils ne résolvent. C'est à saluer, ce désir de l'auteur de poursuivre dans ses manières de nous surprendre au fur et à mesure que sa série avance. Cette nouvelle vision apporte bien de la fraîcheur et permet d'observer plus activement l'évolution de l'ancienne redoutée Dame qui n'a rien perdu de sa superbe d'antan apportant, étrangement, quelques points positifs et encourageants quant aux événements prochains, plus que lorsque Toubib tenait la plume des annales. Un tome qui cependant demeure une grande partie de son intrigue dans la même boue que la série s'est évertuée à étaler sur nous : des choix sanglants, des désirs immoraux et des alliances plausiblement perfides.
L'histoire, malgré un changement drastique de focalisation, demeure de même matière que le premier cycle. En ce qui concerne les personnages, là aussi, la nouveauté est au rendez-vous étant donné que Madame ne va pas demander l'aide aux mêmes personnes que si cela avait été Toubib. De ce fait, l'on rencontre une "guilde" d'assassin vouant un culte à leur déesse Kina, une entité pas des plus sympathiques, ce qui ajoute à la longue liste de Madame des connaissances vraiment hautes-en-couleur. Et une fois n'est pas coutume, les apparences sont généralement trompeuses avec Glen Cook, ce qui engage toujours d'excellents retournements de situation qui annoncent une suite à la hauteur des espérances.
C'est devenu d'une logique implacable au fils des tomes que nous a offert Glen Cook mais Les Annales de la Compagnie noire, notamment ce tome, propose toujours du contenu riche et divertissant. Le changement est plus qu'appréciable et offre une nouvelle saveur, bien que certains anciens ingrédients demeurent présents sur la recette. Rêves d'acier est donc un excellent tome dans la pure continuité de ce qui s'est proposé jusqu'à présent : à lire et à dévorer sans ménagements.
Et n'oubliez pas que la Fantasy nous appartient !