Révolutions par pHneutre

Matthieu Pigasse revient sur les origines de la crise européenne, bien plus profondes que la crise étasunienne des subprimes qui l'a décuplée. Après avoir dressé un bilan désastreux de l'Europe économique actuelle et en avoir esquissé un futur non moins effrayant, dans une deuxième partie, il dessine l'Europe qui, selon lui, est à même de se sortir de ce mauvais pas. Cela passe notamment par une fédéralisation de l'Union, une solidarité financière interétatique sur le modèle régional allemand et une mutualisation des dettes au niveau européen.
Mathieu Pigasse fait l'éloge de la foi (perdue) dans le progrès et de la croissance, fustigeant la perte d'espoir et de vision commune pour l'avenir de la France et de l'Europe. Il oppose les notions de risque et de rente, encourageant le premier (il faut investir !) et exprimant le désir de détruire la seconde, notamment par la taxation du capital qu'il faut aligner sur celle du travail (i.e. les impôts).

Il esquisse une utopie de société où le rapport au travail est changé, dans le sens où chacun devra accepter de sans cesse réapprendre, car sa solution contre le chômage qui semble inexorable passe par l'abandon de la notion de métier à vie (et par la fameuse croissance, bien sûr).

J'oublie plein de choses évidemment (critique express + notions économiques que je maîtrise mal), mais la revendication d'une solidarité qui s'arrête aux frontières de l'UE (car il faut lutter, en matière économique, contre les pays émergés (BRICO), les USA et le Japon), ainsi que son mépris affiché pour toute velléité de remettre en question la sainte Croissance, qu'il considère comme une fantaisie de "gosse de riche" (sic), sans compter l'absence absolue de vision sociale, qui fait de ce bouquin un manuel technocratique ; l'absence non moins totale de sources concernant les données chiffrées ; et le manque de méthodologie apparent (chiffres balancés n'importe comment) pour quelqu'un qui a la bonté de nous transmettre la "solution à la crise" : autant de raisons qui m'ont fait lire cet ouvrage avec une circonspection et une déception qui frisent le dégoût.

A relire avec plus de connaissances économiques quand même.