J'arrive après la guerre, pour vous parler de ce livre bouleversant, poignant, émouvant, qui mériterai encore des éloges, et des superlatifs à n'en plus finir. On a, je pense, tout dit sur ce livre, et c'est ce pourquoi je ne parlerai pas forcément de ce qu'il est, ni du sujet qu'il traite, mais plutôt de l'empreinte qu'il a laissée chez moi. On sait combien écrire est un exercice complexe, mais écrire sur soi, et sur ceux que l'on aime, est, je pense, l'exercice le plus difficile. Une difficulté dont Delphine nous fait part tout au long du roman : un roman fait de sueurs et de larmes. Un exercice d'autant plus compliqué lorsqu'il s'agit d'une mère, et sur les relations mère-fille que l'on entretient avec cette dernière. Delphine de Vigan se livre à cet exercice dans la lignée d'Albert Cohen, en nous délivrant ce livre qui m'a laissée bouche-bée. Un livre qui m'a donné l'impression d'être une spectatrice dans un coin, mais surtout, être voyeur, un voyeur impuissant, balayé par une vague de mots justes, précis, violents. Dans ce livre rempli de mal-être, d'amour, et de non-dits, un livre de secrets qui ne seront jamais résolus, Delphine de Vigan fait preuve d'une précision chirurgicale, une opération à cœur ouvert d'elle-même, de sa mère, Lucile, et de sa famille. Ce récit m'a pris aux tripes, et m'a fait monter les larmes aux yeux de nombreuses fois : mais comment l'auteur a-t-elle réussi à mettre autant de choses dans un si petit livre ? Je l'ai refermé, le cœur remué : l'histoire, certes profondément émouvante (le mot est faible), est sublimée par l'écriture incroyable de l'auteure, qui m'a attaquée comme des petits canifs aiguisés. Un livre qui a opéré quelque chose en moi, et que je n'oublierai sans doute jamais, tant il me laisse encore des sensations dans le fond de mon ventre.