La fin d’un Homme et d’une Civilisation. C’est un peu ça « Rigodon ». Céline mourut avant la parution de son ultime œuvre. De son son ultime souvenir.
« Rigodon », c’est la dernière étape de l'écrivain dans une Allemagne à l’agonie, dans une humanité au supplice où l’on ne sait plus qui on tue, qui on trahit et pourquoi. Un monde où plus rien ne tient debout, où les choses qui s’appelaient ne s’appellent plus…
« C’est un bled qui n’a plus de nom, ils l’ont enlevé, gratté de
partout, de toutes les pancartes !... barbouillé !...vous le trouverez
nulle part… même sur la gare…la gare où nous allons, Oddort, ça
s’appelait…ça s’appelle plus rien…moi je sais pourquoi…»
Même les gosses n’ont plus de noms…eux aussi ont été abandonnés…laissés aux limbes. Symbole d’une civilisation qui n’est plus mais qui fait encore semblant d’être. Qui se souviendra d’eux ? Un monde qui a conscience de son effondrement n’a d’autre objectif que son autodestruction…la mort comme rédemption.
« Cette avenue est magnifique, tu te rends compte… Elle est magnifique
parce qu’il n’y a personne…fais venir du monde et ce sera infect…Tout
de suite que les gens rallient…Pas tant qu’ils fassent des saloperies,
mais d’eux-mêmes, plus rien de regardable…La mort est qu’une
nettoyeuse… »
Céline erre dans ce monde…Mais il n’a plus l’espoir d’antan. L’espoir du « Voyage » a disparu, celui de « Mort à crédit » et de « Guignol’s Band » aussi. Reste le souvenir d’un vieil homme bravant les fureurs de son temps. Un souvenir sans espoir. Une vie qui attend de rejoindre une époque disparue…