« Romances sans Paroles » est un court recueil de poésie écrit par le poète français Paul Verlaine. Le recueil fut publié en 1874 sous un titre emprunté à un ensemble de pièces pour piano de Felix Mendelssohn. Le choix de cet emprunt de titre au compositeur est essentiel, au vu de ce qu’écrira l’auteur dans « Art poëtique » la même année « De la musique avant toute chose ». En effet ici la musicalité des vers et des thèmes est privilégiée dans ce recueil et le Verlaine musical se révèle plus amplement. En effet, l’ensemble des « Romances sans Paroles » est placé sous le signe de la musique, que ce soit dans les thèmes, dans les motifs poétiques, dans la structure et dans les évocations. Verlaine emprunte également des rythmes et des chansons à Rimbaud, poète dont l’influence est marquée dans ce recueil notamment dans la deuxième section du recueil intitulée « Paysages belges », une partie où Verlaine relate des impressions de voyages qu’il a recueilli lors de sa traversée de la Belgique avec Rimbaud. Ses impressions de voyages, mènent à des évocations d’endroits, de lieux, de sensations, comme peuvent l’y conduire les cafés-concerts. On y retrouve d’ailleurs au gré de ses vers le goût de l’auteur pour la culture populaire à laquelle il empruntera certaines formulations, certains rythmes. Le titre de la première section du recueil, « Ariettes oubliées » est d’ailleurs évocateur quant aux changements de la poésie verlainienne au cours de l’écriture de ce recueil. L’ariette est un air léger et court qui se chante avec paroles et accompagnements. Or ici ces « ariettes » sont oubliées, pour Verlaine cela signifie que l’on ne les chante plus, que l’on ne les entends plus, elles sont muettes. En choisissant les titres « Romances sans paroles » et « Ariettes oubliées », le poète privilégie le chant au langage, et constitue sa recherche d’une poésie au-delà des mots. Finalement, l’auteur nous livre un recueil qui est le fruit de ses expériences, où la musicalité prime sur le sens et l’intellect, de sorte que les sensations, le souffle poétique et les sentiments voyagent eux aussi comme le fait l’auteur.