Roseanna
7.6
Roseanna

livre de Maj Sjöwall et Per Wahlöö (1965)

Maj Sjöwall et Per Wahlöö sont heureux de vous faire part de la naissance de leur fils: le polar scandinave moderne.
Nous sommes en 1965, et ce premier enfant est d'une telle beauté (un peu aride), d'une telle richesse (un peu sèche), que nous ne doutons pas une seconde que la famille sera nombreuse et vigoureuse, et saura se propager sur tous les continents et un peu sous toutes les formes (comme, par exemple, la série télé américaine Baltimorienne).
J'ai d'ailleurs découvert ce duo par le biais d'une excellente adaptation américaine au cinéma de 1973: le flic ricanant.


Cherchez la flamme


La première phrase du roman est sans détours: un corps de femme est découvert sur la berge d'un canal. Il s'agira, au terme d'un premier travail de fourmi, d'en découvrir l'identité. Pour autant, s'il va bien falloir parler d'une femme, c'est d'abord de Maj Sjöwall, co-auteure, dont le rôle fut déterminant dans l'accouchement d'un tel sommet du roman policier. C'est d'ailleurs presque toujours le cas lors des réussites insolentes de la plupart des activités humaines: une femme est derrière tout ça.
Jusqu'à sa rencontre avec Maj, Per Wahlöö avait écrit trois romans assez honnêtes qui ne rencontrèrent qu'un poli succès d'estime. Ce n'est que lorsque ils forment un couple que les enquêtes de Martin Beck voient le jour, et que la série de 10 romans (de 65 à 75, au rythme de un an par an) va gentiment, sans avoir l'air d'y toucher, révolutionner le polar moderne.


A Sjöwall donné, on regarde bien les dents


L'idée commune de ce journaliste et de cette éditrice ? Le réalisme.
Tout, dès ce premier épisode, transpire le vécu. De la vie privée des détectives dont aucun détail ne nous est épargné (maladie, vacances, vie de couple, moyens de transports, notes de frais) à l'avancée méthodique des recherches, débarrassée de toute facilité ou rebondissement sans objet, aucun détail ne semble vouloir nous sortir d'un documentaire vaguement romancé. Mieux, c'est la gestion du temps qui fait mouche. Il faut six mois à l'équipe pour démêler le mystère entourant Roseanna, et s'il avait fallu 10 ans, c'était la même chose. Comme me disait l'ami Swinging Sixties: "Un univers policier pour de vrai, complexe, lent et routinier, avec sa part d'échecs et de désillusions".


Comme toujours, un bon polar se distingue par sa capacité à décrire la société et l'époque dans lesquels il baigne. Le couple d'auteurs n'avaient pas d'autre but. Per Wahlöö définissait le travail de son épouse et de lui-même comme "un scalpel ouvrant le ventre d'une idéologie appauvrie et exposant la morale discutable du pseudo bien-être bourgeois".


Aimer les policiers est une chose, en apprécier les scandinaves en est une autre, le tout est bien entendu de miser sur le bon Sjöwall. Voici les dix épisodes de la séries:


Roseanna
L'Homme qui partit en fumée
L'Homme au balcon
Le Policier qui rit
La Voiture de pompiers disparue
Meurtre au Savoy
L'Abominable Homme de Säffle
La Chambre close
L'Assassin de l'agent de police
Les Terroristes

guyness
8
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le 1 nov. 2016

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