Un petit compte-rendu rapide car je trouve que ce livre qui n'a aucune critique sur le site mérite qu'on s'intéresse à lui.
Certes, Genevoix n'a pas été éclairé par l'éthologie et la connaissance des animaux acquise au XXème siècle par la science et il fait beaucoup d'anthropomorphisme, mais le roman est un bel hommage à la beauté, à l'indépendance des chats, ces petits félins tardivement domestiqués qui nous font l'honneur de vivre avec nous. Et son écriture d'une grande beauté qui n'a pas encore abandonné aux écrans le soin de décrire le réel est un vrai plaisir. Il nous offre de magnifiques descriptions, des moments de pures sensations, celles des bêtes, certainement, qu'un rayon de soleil ou que le son du vol d'un bourdon absorbent. L'évocation de cet abandon au réel comme celle de la souffrance – souffrance de l'appel à se reproduire, souffrance de l'attachement déçu à un lieu , souffrance physique pure à laquelle le corps se livre tout entier - résonne en nous de façon puissante grâce à l'empathie magique de Genevoix qui nous fait « penser » chat.
A lire par tous les amoureux des animaux, de la vie et de la littérature.
" Tu es là, Rroû ?"
Il n'est pas là. Il est où chante brusquement le pivert; il dérive sur l'aile des piérides; la branche du sureau flotte sous lui, tout le vieil arbre dont les amarres se sont dénouées, et qui l'entraîne sous un glissant soleil, dans la pâleur ambrée du soir, vers le pays où s'allument les étoiles. "
PS : je vais recopier un beau passage du roman dans ma liste « Les plus belles agonies en littérature »