Ne nous le cachons pas : j'ai acheté ce livre pour sa jaquette, si bleue, si marine (j'aime la mer). La quatrième de couverture, quand je l'ai parcourue des yeux une fois le ticket de caisse imprimé, m'a paru simple, sans grande prétention. « Encore une histoire de nouveau départ pour un homme fraîchement débarqué dans un village pittoresque », ai-je pensé. L'expression « fin du monde » dissimulée dans la description du bouquin a, elle, semblé être une exagération dramatique.
Que nenni ! Il est effectivement question d'apocalypse, l'événement eschatologique ayant pris les traits d'une pandémie de grippe — une épidémie qu'un économiste-mathématicien-programmeur de la Cité de Londres a involontairement réussi à fuir, croyant alors sauver sa peau après avoir provoqué une crise financière de grande ampleur.
Joe Haak, c'est son nom, — « haak, haak » comme crient les mouettes, — découvre Saint-Piran (et sa baleine), un village de trois cent sept âmes, perdu sur la côté des Cornouailles, un hameau qu'il est bien décidé à préserver de la fin du monde. Si ce thème a été abordé maintes fois en littérature et à la télévision, l'auteur a ici pris le parti de présenter l'espèce humaine sous son meilleur jour : l'homme est foncièrement bon, généreux, fraternel ; la majorité ne prendra pas les armes, des groupes entiers ne s'entretueront pas pour quelques pièces de viande. C'est une image optimiste, peut-être naïve, qui réchauffe le cœur. L'écriture est écumeuse (au sens de légère — thème marin oblige), parfois déroutante comme les souvenirs du protagoniste se mêlent au récit principal sans aucun avertissement préalable.