Il se passe des choses étranges dans ce roman, et ces choses tombent sur le lecteur comme une feuille morte tombe sur le sol : naturellement, sans préavis (ni indemnité). Il n'est pas question de fantastique mais plutôt de réalisme magique : les manifestations du paranormal vont de soi pour les personnages (féminins) mais sont rejetées par les esprits extérieurs à la fiction (nous) — il faut dire que certaines scènes peuvent être... déstabilisantes.
N'y aurait-il eu que cette seule excentricité dans l'intrigue, j'aurais pu prendre plaisir à la découverte de l'Alaska et de ses « mushers ». Mais voilà, il y a Tracy. Et Tracy est à ce point méprisable que lire encore et encore les épisodes dans lesquels elle saigne avec ardeur des animaux devient vite usant. Elle appartient en plus au type de l'adolescente en quête de sa propre identité, donc égoïste et perturbée (son « don » n'aide pas, certes).
Il faut peut-être mettre son humanité de côté et embrasser la sauvagerie (au sens premier) pour plonger intensément dans cette forêt angoissante, où toujours il semble faire nuit (même la syntaxe est obscurcie, les dialogues ne sont pas visibles).