Une atmosphère composée de nuances feutrées
Aki Shimazaki a une approche assez similaire à Yoko Ogawa.
Elle privilégie une écriture qui se focalise sur des situations décrites succinctement pour installer une ambiance.
Puis à force de dialogues courts, elle suggère des émotions sans jamais les nommer.
Ainsi les fans d'Ogawa retrouveront le rythme et un style qu'ils affectionnent.
Comme l'auteure nipponne le faisait à ses débuts, l'écrivaine d'adoption canadienne réalise une fois encore une oeuvre courte et essentialisée.
Les amateurs bénéficieront également de la couleur japonisante (thème, lieux, appellations...). Même si elle est accessoire, cela participe à instaurer la culture asiatique faite de pudeur et de sentiments non-dits.
Sur le livre
"Sémi" est le second tome d'un nouveau cycle qui étudie la mémoire.
"Suzuran" était le premier.
Si des prénoms et l'atmosphère se recroisent, les deux ouvrages se lisent indépendamment et ne renvoient aucunement l'un à l'autre.
Ici l'auteure met en scène une femme âgée qui perd la mémoire à cause de la maladie d'Alzheimer. Evénement qui va provoquer des quiproquos et surtout des révélations à son mari.
Si je trouve le thème abordé de manière sensible et sans mise en scène douteuse, je regrette à titre personnel que l'écrivaine renonce à approfondir la matière première et ne lui donne pas une épaisseur qui pourrait en faire un livre marquant.
Ainsi elle aurait pu aborder la culture asiatique face au choc générationnel, à l'avortement ou à la place des femmes dans la société.
Encore une occasion manquée (Suzuran m'avait laissé la même impression).
La longueur du livre peut être également déceptive. Aki a le talent pour nous emmener dans sa poésie, ses ambiances.
Mais elle nous abandonne - à la fin de l'ouvrage - trop rapidement voire trop sèchement...
Encore dommage.
Bref un ouvrage agréable à parcourir mais dont le fond et la concision pourront décevoir les lecteurs.