Depuis que j’ai lu, il y a vingt ans sans doute, À la croisée des mondes de Philip Pullman, je ne manque jamais une occasion de revenir dans cet univers : c’est un peu mon Harry Potter à moi. Je continue de trouver captivants la quête de Lyra, qui touche à la question du libre-arbitre et de la lutte contre les dogmes religieux, et le monde magique créé par Pullman, où chacun est doté d’un daemon, sorte d’animal familier qui partage ses moindres pensées et symbolise une partie de son être, et où un élément appelé la Poussière entretient un lien étroit avec la conscience humaine.
Mes derniers retours dans le monde de Pullman, avec les deux premiers volumes de sa nouvelle trilogie « The book of Dust » n’ont pas forcément été très concluants : j’ai trouvé que ces deux gros romans manquaient un peu de tenue, de cohésion d’ensemble, même si quelques nouveaux décors et enjeux permettent de lancer des pistes intéressantes. J’ai été beaucoup plus charmé par Serpentine, tout petit livre dont j’avais raté la sortie en 2020 - et dont l’écriture remonte en réalité à 2004, soit bien avant le Book of Dust.
La matière du récit, assez ténue, annonce les thématiques de The Secret Commonwealth en revenant sur l'épisode de la séparation de Lyra et son daemon dans le troisième volume d'A la croisée des mondes, sous la forme d'un dialogue avec un personnage secondaire de la trilogie originale. Cette nouvelle (70 pages en comptant les grandes marges et les très jolies illustrations de Tom Duxbury) n'est donc pas du tout à recommander à ceux qui n'auraient pas encore découvert la trilogie originale. Pullman y fait référence à nombre de personnages de l'épopée de Lyra, et la situe dans le village où Lyra rencontre pour la première fois Lee Scoresby et lorek Byrnison : du « fan service » efficace et touchant, jamais trop appuyé. Elle éclaire sous un autre jour, sans la machine narrative un peu lourde développée dans The book of dust, un épisode central du récit original, sans chercher à répondre à toutes les questions qu'il soulève, mais en livrant un instantané chaleureux de la vie de ces personnages.