L'autrice s’appuie sur des témoignages, des constats personnels ou des recherches scientifiques pour étayer son propos. Il tente de nous brosser un vision large en interrogeant des femmes de tout milieux sociaux. Il apparait très vite qu'en matière de sexualité le Maroc est complétement schizophrène. L'article 490 du code pénal interdit les relations sexuelles hors mariage et l'article 489 interdit l'homosexualité. L'avortement est bien sur illégal (sauf en cas de viol ou de malformation). Ces lois sont bafouées tout les jours mais les autorités refusent de l'admettre et campent sur leurs positions. Contre une poignée de billes la police ferme les yeux. La prostitution existe mais tous font semblant de l'ignorer. Les lois peuvent être contournées par les plus riches et tout doit être fait clandestinement. Ce qui est intéressant c'est qu'on se rend compte au fil des témoignages que le niveau d'éducation n'est pas forcement proportionnelle au niveau d'ouverture d'esprit. Peut être que j'enfonce des portes ouvertes en disant cela mais ça me semble important de le souligner. Le poids des normes sociétale est si fort que même des femmes avec des emplois hautement qualifiés acceptent des situations avilissantes.
Leila Slimani estime, et je suis d'accord avec elle, que les droits sexuelles font partie des droits humains. Elle explique aussi que c'est par ce biais que les hommes exercent leur domination. Ainsi en défendant les droits sexuels on défend les droits des femmes. Sans cela elles ne peuvent pas disposer de leur corps comme elle l'entendent et subissent des viols et des humiliations régulièrement. C’est donc un combat important à mener.
L'hypocrisie règne. Les femmes prétendent être vierge pour trouver un mari. Les hommes refusent d'épouser leurs amantes préférant de futurs épouses vierges. Le sexe est présent dans tout les esprits mais demeure tabou. Deux problèmes majeurs sont pointés au niveau sociétal. Il apparait que les garçons sont systématiquement élevés différemment et qu'ils ne sont jamais sensibilisés aux problématiques féminines en matière de sexualité. Le second problème est que la frustration est transmise de mère en fille. Une mère arrive à cautionner que sa fille ne puisse pas avoir une intimité épanoui car elle même n'en a pas eu elle-même. Cela devient une sorte de norme qu'il ne sert à rien de remettre en cause.
Le livre ne propose pas de solutions aux problèmex mais plusieurs témoignages amènent l'idée que ce n’est pas en se calquant sur l'occident que les marocains aurons une sexualité plus respectueuse des uns et des autres. D’ailleurs nos pays sont souvent perçus comme des civilisations de débauche. Une troisième voie est donc à construire que ne se fait pas contre la religion mais avec elle. Il est d’ailleurs plusieurs fois souligné que l’islam a une héritage beaucoup plus sensuel que la chrétienté et que celui ci est souvent nié. Leila Slimani propose en fin d'ouvrage une bibliographie pour approfondir le sujet dans laquelle je puiserai très certainement quelques idées de lecture.