Les murs se souviennent-ils de notre passage ?

Cette fois c'est la bonne ! Après deux tentatives infructueuses, j'ai enfin réussi à terminer le "Shining" de Stephen King. Mon premier échec, je le devais à ma passion pour le film de Kubrick, incapable que j'étais à dix ans de mettre de côté mes souvenirs d'un tel choc pour mieux apprécier le livre original. Mon second échec découlait plutôt d'un manque total de patience de ma part devant un récit prenant son temps afin de mieux nous amener au coeur d'un terrible cauchemar.

Publié en 1977, "Shining" est le premier véritable best-seller de Stephen King, son premier roman "Carrie" ne rencontrant le succès qu'ultérieurement, à la sortie de son adaptation cinématographique par Brian De Palma. Délaissant l'habituelle bourgade et sa galerie d'habitants affrontant le mal pour mieux se concentrer sur un nombre restreint de personnages, Stephen King livre ici une de ses oeuvres les plus personnelles, le personnage de l'écrivain Jack Torrance pouvant être perçu comme un alter ego à peine déguisé de l'auteur, tout comme les démons qui l'habitent.

Car derrière ses atours de roman d'horreur, "Shining" est avant tout la description d'une cellule familiale au bord de l'implosion, une tempête à échelle humaine brillamment racontée du point de vue de ses trois protagonistes. L'auteur esquisse ainsi trois portraits criant de vérité, qu'il s'agisse du père, de la mère ou du fils. Ne jugeant jamais leurs actes ou leurs névroses, le futur papa de Cujo parvient à nous les rendre vivants et attachants, rendant ainsi le drame se jouant sous nos yeux encore plus douloureux.

Maniant la suggestion avec un talent certain, prenant son temps afin de mieux nous plonger dans un monde fantasmagorique et franchement flippant, King nous tient sans problème en haleine tout au long d'un récit parfois longuet mais prenant et fascinant, offrant quelques passages délicieusement inconfortables tout en continuant sa réflexion sur la mémoire des lieux, sur une Amérique dont les fondations baignent dans le sang le plus écarlate.

Dommage alors que King achève son roman dans un bordel sans nom à la métaphore psychologique bien trop facile, cumulant des morceaux de bravoure peu convaincants et jurant avec la simplicité qui a précédé. A peu de choses près, le gus tenait là un très grand livre.
Gand-Alf
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le 18 févr. 2014

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Gand-Alf

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