Des ouvrages sur la Seconde Guerre mondiale, j'en ai lu quelques-uns et je me suis évidemment intéressé au principe de la Shoah et de l'extermination des Juifs. J'ai même eu l'occasion de lire, et je le conseille à tous, Des Hommes Ordinaires de Christopher Browning qui s'intéresse justement au fait que les membres des commandos de la mort étaient des gens cultivés, simples et que l'on pouvait considérer comme de bons citoyens, s'intéressant donc à l'extermination vu du côté allemand.
Mais revenons-en à Si c'est un Homme de Primo Levi. Des livres comme celui de l'auteur italien sont rares. Rares car la justesse du propos est remarquable, que l'auteur prend du recul sur les événements, analyse avec force l'humain face à l'indicible.
Noter une telle oeuvre n'a évidemment pas de sens car elle fait office de devoir de mémoire, de piqure de rappel face à quelque chose que l'on ne peut imaginer. Car même si Primo Levi nous raconte son expérience dans le Lager, le quotidien, la souffrance, la survie et la perte de l'humanité, il est impossible pour nous de pouvoir véritablement comprendre les horreurs vécues par le peuple juif mais pas seulement, bien entendu.
Levi se pose en tant que témoin et préfère n'évoquer que ce qu'il a vu. Il ne parle pas des chambres à gaz, il ne parle pas non plus de la marche forcée qui coûtera la vie à de nombreux Juifs dont son meilleur ami car il n'y a pas participé, etc.
Mais j'apprécie en tout cas énormément la force d'analyse de l'auteur, l'aspect sociologique qui ressort de ce livre. On va bien au-delà du simple témoignage. En cela, Levi force l'admiration d'autant que même envers l'Allemand global, on ne ressent aucune haine (il en veut évidemment bien à ses géoliers et considère comme fautive la population civile qui a préféré se mettre des oeillères plutôt que de tenter de réagir) et il semble vouloir plutôt tenter de trouver des mots face à l'impossible.
Ouvrage essentiel, qui devrait être lu obligatoirement dans toutes les écoles, pour peut-être éviter que l'on recommette un jour ce genre d'erreurs historiques. Et par ces deux derniers mots, j'ai bien conscience de la faiblesse de ceux-ci face à l'inexplicable.