Horreur, horreur, horreur, poésie, horreur, horreur, poésie
Cette poésie n'est pas l'esthétisation de l'horreur, au contraire. Elle représente l'humain, un homme qui souffre et qui a besoin de tirer des leçons, de faire de jolies phrases qui bouleversent le lecteur "ils sont dix mille hommes, et ils ne forment plus qu'une même machine grise ; ils vont exactement déterminés ; ils ne pensent pas, ils ne veulent pas, il marchent."
Tout au long de la lecture, je me suis trouvée dans une très inconfortable position, quelque chose me dérangeait dans l'écriture si âpre de l'auteur. Primo Levi ne cherche pas à arranger la réalité et effectivement, ça dérange le lecteur assis sur son lit "bien au chaud dans [vos] maisons".
Et puis vient cette phrase finale :
"Arthur est retourné chez lui à bon port ; quant à Charles, il a repris sa profession d'instituteur ; nous avons échangé de longues lettres et j'espère bien le revoir un jour."
Elle est assommante cette phrase pour le lecteur.
180 pages de camp, de travaux forcés, de magouilles, de faim, de souffrances, pour que l'auteur ne dise rien sur sa libération ?
(j'ajouterai qu'il y a bien un sublime poème en introduction du livre mais que ce n'est définitivement pas l'Albatros de Baudelaire)