Retour définitif au « présent » avec Dust, la jonction opérée par le sympathique (mais en deçà) Shift aboutissant à un contact prometteur entre Juliette Nichols et Donald Keene : deux facettes aux antipodes pourtant si liées, l’une tentant d’embraser l’actuel genre humain quand l’autre, pareil à un fantôme d’un autre temps, s’échine à libérer ce dernier du joug arbitraire de l’ancienne génération.
Si nous pouvions adresser quelques reproches au second roman, force est de constater que ce troisième et dernier opus en tire le meilleur, tout en renouant plutôt bien avec l’efficacité folle de Wool : quoique différemment tant son récit imprime un rythme effréné, les événements précédents achevant de rompre avec le lent statu quo des silos, qu’il s’agisse de l’omnipotent numéro 1 ou l’éveil du 18. L’occasion est aussi donnée de lever le voile sur le devenir d’autres abris évoqués auparavant, de quoi donner davantage d’envergure à ce macrocosme original.
Endiablé comme mouvementé, Dust est logiquement moins surprenant malgré sa capacité à tout chambouler sans rechigner : nombre d’âmes connues et inconnues disparaîtront ainsi en un tour de main, projetant l’intrigue dans une phase finale en tous points haletante, bien que nous pourrions regretter une émotion un poil en berne. Les parcours parallèles mais interdépendants des habitants du 17, Juliette et la fratrie Keene offrent une superbe variété dans l’action et la réflexion, à raison de plus que les pas hésitants de Charlotte s’arrogeront un suspense exquis.
Tout n’est cependant pas aussi réussi, l’apocalypse subie par le silo 18 s’accompagnant de séquences assez forcées, dans le sillage d’un clergé voyant rouge : si le postulat initial fonctionnait bien, tout en complexifiant intelligemment la « prise » du silo 17, il est à regretter que ce mariage inopiné comme pervers n’apporte rien si ce n’est un peu de gloire à Solo. Mais, enfin, somme de toutes ces petites révolutions conduisant à la grande, voici que le cycle ouvert avec Wool embrasse son dénouement : une conclusion assez habile comme positive, refermant avec elle le chapitre le plus étrange qu’ait connue l’humanité.
C’est à ce titre que les survivants, pareils à des nouveau-nés foulant pour la première fois terre et Terre, porteront une vision optimiste : après le « connu » de planchers et plafonds inflexibles, place à l’« inconnu » d’un ciel et horizon sans limites. Un chouette cycle de science-fiction en définitive !