Soyons honnête, « Sixième colonne » est très loin d’être parfait. Son côté raciste fait – à juste titre – grincer des dents, mais il est toutefois compréhensible dans la mesure où il a été écrit en pleine Seconde Guerre Mondiale, période durant laquelle, dans le Pacifique, les combats ont été des plus cruels. Je ne cautionne pas ces actes d’injure envers les peuples orientaux, mais il faut juste rappeler que les américains ont bouffé et été massacré, tout comme les japonais avec les atrocités que l’on connaît.
1941 est une année très riche pour Robert Anson Heinlein, puisque après une recherche, 14 textes (romans et nouvelles) ont été écrite et publiée durant cette année dont 12 furent traduits. Toutefois, la carrière de l’auteur a commencé bien avant, puisqu’il publiait déjà en 1939.
Au fur et à mesure que j’ai avancé dans ma lecture, j’ai beaucoup tilté sur cette étrangeté. Je me suis vraiment posé la question s’il avait bien été écrit en 1941, parce que beaucoup d’éléments m’ont paru étrange, à commencer par les fameuses bombes atomiques. Je veux bien accepter le pouvoir de clairvoyance, mais il était impossible pour Robert Anson Heinlein de connaître le projet Manhattan, mais aussi de le divulguer en public. L’arme ultime de destruction massive a bien été rendue officielle lors des deux génocides au Japon. Or, ici, il nous en parle à plusieurs reprises. À cela, on rajoute les camps d’extermination, découvert en fin de guerre par les Alliés, même si officieusement ils en avaient la connaissance. L’édition qui a passé l’Atlantique pour s’échouer entre mes mains n’est autre qu’une révision du texte originale de 1941, réécrite en 1949 ; et ça, personne le sait, puisqu’il n’en ait fait aucune mention. Ce petit détail peut-être anodin, mais change pas mal l’histoire. Je trouve quelque peu dommage cette refonte du manuscrit.
J’ai beaucoup aimé ce court roman même s’il comporte beaucoup de défauts. Avec « Sixième colonne », Robert Anson Heinlein nous apporte une histoire originale et amusante sur une communauté de résistants américain, refusant l’envahisseur asiatique – sous-entendu japonnais. Or, c’est bien là le problème. Pour l’auteur, ces Panasiates sont une alliance entre les peuples orientaux. Il faut savoir qu’il y a une différence de culture entre eux et qu’entre les chinois et les japonais, c’est très loin d’être une histoire d’amour. À cela on rajoute un objet capable d’assommer les mongols, ce récit est bancal et invraisemblable.
Autre incohérence et pas de moindre, est cette différence d’avancée technologique. Les américains sont surpuissants et pourraient balayer leurs serfs, grâce à un appareil miraculeux qui permet de modifier les fréquences. Cet engin exceptionnel est même capable de rendre invulnérable quiconque la possède.
Bon, si vous lisez cette critique, vous pourrez croire que ce livre n’a que des défauts. Hé bien, pourtant, malgré ces tares évidentes, j’ai beaucoup aimé. Si j’ai eu du mal avec les cinquante premières pages, pour le reste, je l’ai enchaîné et me suis même surpris à vouloir avancer. L’histoire est amusante, sans divulguer, une sorte d’armée militaire pacifique qui tente de rendre fous les envahisseurs par un moyen d’un réseau délirant.
Si on fait abstraction de tout ce qui lui fait défaut, « Sixième colonne » est agréable à lire. C’est un roman sympathique et plaisant. La lecture est très simple et on tourne les pages sans s’en rendre compte. C’est un livre pour passer du bon temps, sans se prendre la tête. Un bon Heinlein, pas exceptionnel, lui préférer « Une porte sur l’été » ou « L’Âge des étoiles » – qui n’ont rien en commun – juste pour démontrer le talent de l’écrivain.