Soeurs est doué d'une écriture singulière et vaporeuse comme le souvenir. Pleine d'images, d'impressions, sensations, correspondances telles des ponts entre des territoires qui n'auraient jamais eu l'idée de se parler d'eux-mêmes.
Une écriture comme un fleuve aux couleurs diluées sur lequel on se laisse dériver.
Ça se passe hier et demain, là-bas et ailleurs, les personnages ont plusieurs âges à la fois, sont présentes et absentes. Jusqu'à l'éclair final et sa lumière terrible.
C'est un livre qui a la cruauté douce de l'enfance, et la violence naturelle de l'acte de grandir, vivre, mourir.
Ses mots impressionnistes racontent une histoire d'emprise entre soeurs. Pas tant pour regarder la main autour du poignet, mais plutôt la trace rouge qu'elle laisse derrière. L'empreinte. Si profonde qu'on ne perçoit plus la frontière entre les deux chairs.
Ce livre est une natte faite des chevelures de deux soeurs que rien ni personne ne peut démêler.