Non
Amélie Nothomb est titulaire d'une charge dans le paysage littéraire français et à cette charge est attachée une prébende annuelle non négligeable. Dommage que cette prébende ne tombe cette année...
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le 21 mars 2020
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Soif j'ai eu en lisant ce livre... Alors j'ai bu comme j'ai lu ce livre, c'est-à-dire trop vite, goulûment... Jésus est seul, et il a peur. Il sait qu'il va mourir au lever du jour. Il ne s'est jamais senti aussi vivant, aussi "incarné"... Et il a soif. Alors il pense. A la première gorgée. A ceux qu'il aime. Son père, sa mère, la belle Marie Madeleine, qu'il aurait épousée s'il en avait eu le temps, Judas... Il analyse ses actions passées et anticipe tout grâce à son omniscience, lui qui n'est que le projet d'incarnation de Dieu, son Père. La scène d'ouverture est réjouissante, le simulacre de procès qu'on concède à Jésus, avec tous ses miraculés qui viennent demander réparation (un vivant est plus chiant qu'un mort, un valide plus exigeant qu'un estropié)! Plus philosophique que mystique, l'auteure explore grâce à la voix de Jésus la triade Soif Amour Mort, remplaçant la trinité chrétienne Père-Fils-Saint Esprit. Pourtant à aucun moment il est fait mention de religion, ni de judaïsme ni de christianisme. On endure le calvaire avec Jésus si maigre qu'il peut à peine porter sa croix, on savoure avec lui la seconde de répit quand il s'écroule, juste avant que les lanières le lacèrent, encore, lui intimant de se relever, l'apparition miraculeuse de Simon de Cyrène, cet homme si bon.
Le corps et l'esprit donc, le pouvoir de l'esprit sur le corps, les miracles qui arrivent quand Jésus ne pense à rien, quand il atteint l'écorce sous la peau, l'acceptation de la souffrance qui la rend plus supportable, la chaleur qui permet de ressentir d'autres choses...
Ce livre se lit tellement vite qu'il faut le lire et le relire, en savourer chaque gorgée, et rééprouver la soif, ne pas boire le gobelet d'un coup, non, garder la gorgée dans la bouche avant d'avaler, différer la soif, attendre, être présent à soi pour mieux aimer, accepter, enfin, ce que l'on ne peut changer, c'est-à-dire la mort, et ainsi acquérir plus de sagesse, pour atteindre l'éternité, loin des regrets des vivants...
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Créée
le 1 sept. 2019
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