Le monde sous le regard d'une trinité : Torfin Le Pourfendeur, Œdipe Le Complexe, Casper Le Fantoche... et nous, et nous, et nous... où sommes-nous ? Globalement pile au milieu, à gauche peut-être quand on est en colère, à droite quand on aspire au repos... je me présente je suis au-dessus, je suis Sylvain, Le Sibyllin.
Je ne connais rien à la psychanalyse, je sais de loin que Freud parle de zizi, des rêves, du caca et du pipi, et que Hitler le rencontre je crois dans le scénario uchronique (celui qui se passe bien) de La Part de l'autre de Éric-Emmanuel Schmitt. Du complexe d'Œdipe, je n'en ai appris que quelques bribes il y a deux semaines, de source ni sûre ni exhaustive. De ces bribes, mon (re)visionnage le week-end dernier du film de Tarkovski à résonner, de petites oscillations hasardeuses comme un vol plané que je m'applique ici à rendre esthétique, critique et publique.
De ce vol plané vers l'insondable, nous sommes le présomptueux docteur Kris Kelvin :
- Prévenez-moi quand on décolle ?
- Vous volez déjà.
qui doit parfois choisir s'il peut aimer ou ne pas aimer, et réfléchir à ce que cela implique.
Le complexe d'Œdipe donc, de ce que j'en ai cru comprendre : le père aurait la fonction vis-à-vis de l'enfant de le détacher des jupons de sa mère, pour l'ouvrir vers d'autres perspectives où il devra trouver une compensation au vide occasionnée, compensation amoureuse, idéaliste, artistique... l'action du père est ambiguë, une trahison nécessaire, dont l'enfant tire à la fois rancune et reconnaissance.
Sous ce prisme probablement discutable, Solaris me dit des choses,
(pour une critique plus frontale, paradoxalement moins risquée, j'ose renvoyer à ma critique initiale : https://www.senscritique.com/film/Solaris/469717)
sous ce prisme du complexe d'Œdipe tel que je le présente approximativement, nous voyons la mère au début du film qui pleure le départ du fils, le père qui organise les présentations avec Berton et son lot de problématiques, qui organise en quelque sorte (vous me voyez venir) le départ de son fils, le père cela dit qui souffre aussi.
C'est avant tout (c'est plutôt clair à la fin du film, au retour tendre vers la mère, au retour sans adjectif convenable vers le père) un film sur le départ du fils, sur le départ d'un fils vers l'inconnu. Un nouveau départ en fait, car le fils a déjà connu simultanément et l'amour et l'échec avec une femme qui ressemble à sa mère jeune, comme c'était déjà le cas dans Le miroir.
L'idée qui s'impose à moi dans ce film demande justement à prendre de la hauteur, c'est le remplacement de l'incomplétude originelle de l'homme, par quelque chose qui ne sera jamais tout à fait complétant. Un vide réside de l'écart entre le réel et la pensée, entre le sentiment et l'idée. La mère est un lieu du kitsh comme un souvenir fantasmé, réconfortant, consolant, un lieu kitch de la pensée vis-à-vis de la réalité que l'on veut protéger, que l'on voudrait qu'elle nous console, le père est la hauteur imposée, la pensée comme un désir. Dans l'écart imposé réside la souffrance et la beauté, l'espoir toujours au moins un peu impossible de l'écart comblé.
De ce désir de complétude nait des œuvres, des religions, des idéologies, des relations... cela se traduit dans l'amour, dans la théorie, dans la production...
La nature déteste le vide, or l'homme le contient par nature en pensée. L'homme cherche les moyens d'une inconditionnelle réconciliation avec son intempestif désir en quête d'incarnation, autrement dit avec son improbable pensée revendicatrice. En cela la sérénité ne peut être qu'instable et mobile. Réflexivité éxigée.
La sérénité devient exigeante : le paradoxe ne la rend possible que sous la forme d'une fleur bleue.
https://vignette.wikia.nocookie.net/zelda/images/c/cd/Princesse_Silencieuse_BOTW.jpg/revision/latest?cb=20170224002057&path-prefix=fr
La réconciliation complète avec le père de la métaphore est une utopie, il est le médium de l'émancipation par la pensée, pensée toujours en partie impossible dans l'incarnation si ce n'est sur un îlot artificiel coupé du monde,
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pensée davantage en horizon mouvant, d'une communion toujours nouvellement tentée et inaboutie, impossible, avec le kitch, à travers le sensuel, le réel, les tâches qui tachent, la terre, une autre planète intelligente insondable, et toutes sortes de plantes et d'algues aux contours floutés par le courant de la rivière, mais bien tangibles, à leur place dans le jardin vivant, complexe.
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