Avec son titre inspiré d'un ver de Rimbaud, Soleil Amer a sans doute l'un des plus beaux de la sélection du Goncourt... et le livre est globalement pas si mal.
On y raconte donc en détail l'arrivée en métropole de la première génération d'immigrés algériens, ceux qu'on est venu chercher en Algérie pour travailler dans les usines, comment les hommes sont partis d'abord avant d'être rejoints des années plus tard par le reste de leur famille.
Je mentirais si je disais que le sujet était inintéressant. Bien au contraire. Malheureusement j'ai l'impression que la narration manque d'implication dans cette histoire qui est racontée de manière très détachée, dans la simple description plus que dans l'émotion, ce qui empêche le récit d'avoir la moindre part d'universalité, un comble pour un texte qui semble vouloir décrire une sorte de liste quasi exhaustive de ce qu'on vécu les immigrés algériens... Si tu as une représentation de ce que vit l'immigré algérien, ben elle sera dans le bouquin.
C'est un peu froid quoi, mais pas dans le bon sens du terme.
Ce que j'ai apprécié, c'est le fait que les personnages ne soient pas jugés pour ce qu'ils sont (ça va avec le côté descriptif). On explique bien qu'ils sont partagés entre leur identité française et algérienne, qu'ils sont rejetés partout, en France pour être venus, en Algérie pour être partis...
Même les hommes violents, faisant peur au reste de la famille ne sont pas nécessairement montrés comme méchants...
Disons que c'est le point positif du roman, ça évite d'avoir juste quelque chose de manichéen... tout en permettant de montrer ce qui vivent les familles immigrées et leurs luttes intérieures...
Mais encore une fois, je trouve ça bien trop court, ça empêche de rentrer dans les détails, d'aborder réellement le quotidien de cette famille, ce qui permet encore moins de s'attacher à eux... Ce qui rend le livre assez vide d'émotions.