Le Roi des incels
Schopenhauer est un auteur très connu, mais de façon superficielle. Ses textes misogynes, réactionnaires et son pessimisme légendaire en sont sûrement responsables. Or, il est faux de réduire...
Par
le 24 juin 2022
20 j'aime
8
C'est un petit livre émouvant. La narratrice raconte ses rencontres avec Philippe Sollers, écrivain français auteur de Femmes et Éloge de l'infini, et Alberto Moravia, auteur de Le Mépris adapté au cinéma par Godard et L'Ennui. Brigitte Chardin est psychanalyste et publie dans les années 1987-1990 trois romans, avant de poursuivre sa carrière médicale sans publier d'autre roman depuis, à ma connaissance.
Ces entretiens au téléphone, dans des cafés et appartements parisiens ou dans la résidence de Moravia à Rome sont rédigés comme un film, selon la narratrice elle-même. Et il y a bien quelque chose comme une suite de scénettes façon Nouvelle Vague dans ce livre : rues parisiennes, tenues à la mode, discussions sur les livres et l'air du temps, tics d'écrivains, jeu avec des paquets de cigarettes. Enfin, Brigitte Chardin fait une mise en abyme : elle raconte dans le livre comment le livre a été écrit, quelles ont été les réactions et les encouragements de Sollers et Moravia, et ce qu'en ont pensé les éditeurs.
Le style est intéressant, la ponctuation saute quelquefois, sans doute pour donner un tour plus oral. Certains passages sont volontairement obscurs, pas forcément faits pour êtres lus par des lecteurs extérieurs, faute de savoir ce que les personnages, complices, avaient en tête au moment de prononcer telle phrase ou de faire tel geste. Il y a comme des rituels propres aux rencontres avec Sollers et à celles avec Moravia, autant de petits détails conservés selon l'auteure elle-même dans sa mémoire avec précision.
Chardin mentionne à la fin qu'elle écrit un roman sur son père. Il n'a apparemment jamais été achevé ou publié. L'activité littéraire de l'autrice s'est poursuivie dans des articles de psychologie. J'ignore pourquoi elle a cessé d'être romancière. Mais Sollers - Moravia est agréable à lire et donne envie d'en savoir plus sur ces trois écrivains fascinants.
Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Monographies sur des autrices et des auteurs
Créée
le 26 juil. 2017
Critique lue 290 fois
2 j'aime
Du même critique
Schopenhauer est un auteur très connu, mais de façon superficielle. Ses textes misogynes, réactionnaires et son pessimisme légendaire en sont sûrement responsables. Or, il est faux de réduire...
Par
le 24 juin 2022
20 j'aime
8
Tout comme sa dialectique, la rhétorique de Platon casse en effet des briques – ici celles du patriotisme athénien. Ce livre est un petit bijou, un pur régal. Quand on voit le Gorgias et à peu près...
Par
le 17 juil. 2022
10 j'aime
Cet ouvrage est extrêmement bien mené. Dennett est à l'opposé d'un certain nombre de mes idées philosophiques, mais je suis forcé d'avouer que ses thèses tiennent la route. Son objectif est de...
Par
le 27 juin 2022
10 j'aime