Sommeil de sang par Hard_Cover
Sommeil de sang est dans la même veine que Ce qui mordait le ciel... ou le Cycle des ouragans (parus plus tard). Un roman SF de Brussolo, où il nous décrit un monde hostile auquel se sont adaptées de façon extrême – sans moyen de retour – des populations humaines. Un monde plein de mystères, que ses habitants eux-mêmes ne comprennent pas totalement. Il circule alors tout un tas de légendes, des rumeurs souvent grotesques, morbides, terrifiantes, qui se vérifient parfois.
Almoha est un monde désertique, couvert d'un sable sur lequel on ne peut se déplacer sans être dévoré. Des tempêtes de sable mortelles le parcourent. Il est habité par une faune sauvage exotique, composée de lapins fumigènes, d'oiseaux-feux d'artifice et les chameaux-carapaces. Mais les représentants les plus étranges de la population animale d'Almoha sont les animaux géants, les bêtes-montagnes. Ces créatures, enfouies dans le sol, vivent en état d'hibernation. De mémoire d'homme, on ne les a jamais vu se réveiller pour autre chose que pour mourir.
Les vies des peuplades humaines sont centrées autour de ces animaux géants. Les carnivores vivent dans des cités qui se dressent au milieu des sables. Ils capturent les bêtes-montagnes mourantes pour manger leur viande (leur seule source de nourriture). Ils les dépècent et vendent leurs peaux aux nomades.
Les nomades parcourent sans cesse le désert d'Almoha. Ils se déplacent à dos de chameaux-carapaces et ne s'arrêtent que pour vivre sur les peaux de bêtes-montagnes qu'ils achètent à prix d'or aux carnivores. Sur les peaux, ils peuvent faire pousser les plantes dont ils se nourrissent. Mais les peaux sont souvent victimes de maladies et elles dépérissent au bout de quelques temps.
Les autonomes, enfin, se nourrissent de leurs propres corps. Plus exactement de leurs cheveux et de leurs poils. Particulièrement mal aimée des carnivores et des nomades, cette dernière faction est sous une menace constante de massacres par les deux autres peuples.
Comme c'est souvent le cas dans les romans de Serge Brussolo, l'histoire n'est pas très importante, assez peu extraordinaire. C'est l'univers qui est fascinant. C'est de voir les personnages tenter de se dépêtrer des problèmes que leur créent leur environnement, les coutumes de leurs peuples, la découverte que les légendes sont véridiques, terriblement véridiques.
Sommeil de Sang est un excellent Brussolo, récompensé par le Prix de la SF de Metz en 1982. Pas besoin de longs discours : les fans de cet auteur (comme moi) adoreront, les autres n'ont pas besoin de s'attarder. Mais il est dommage de passer à côté de ce roman où Brussolo est au sommet de son art.