Enfin on fait plus ample connaissance avec l'homme qui a permis aux Rougon d'accéder à la fortune. Je m'attendais à un jeune politique aux dents longues, mais en fait on a plutôt affaire à un Raymond Barre du XIX° siècle.
Étonnamment on le découvre en pleine disgrace, mais ces hommes politiques professionnels sont tellement obnubilés par le pouvoir, qu'ils trouvent toujours un moyen de revenir. Et si jamais un moment il a un coup de mou, il peut compter sur tout son entourage qui habitué à le sucer jusqu'au sang, ne compte pas mourir avec son hôte et sont prêts à tout pour continuer à bénéficier de ses largesses.
L'entourage d'Eugène Rougon est en effet au centre de ce roman, leur fidélité suivant sa popularité, Eugène est autant porté que mis à terre par tous ses amis suivant leur intérêt. Le jeu de cour bat son plein.
Suivant le très lent "La faute de l'abbé Mouret" le contraste est saisissant, on assiste ici à une sorte de comédie de boulevard avec des personnages qui entrent et qui sortent, des intrigues et des coups bas dans tous les sens.
Je pense que j'ai fait complètement fait mon deuil de rencontrer un seul personnage sympathique dans toute la série des Rougon-Macquart, Zola est en mode ado gothique : les hommes sont des faibles hypocrites, les femmes soit des putains soit des écervelées. Dur.
A mon grand plaisir ce tome quitte un peu les descriptions naturalistes au profit d'un rythme plus enlevé, et un rapprochement plus fort avec l'actualité historique (le second empire, le baptême, l'attentat d'Orsini, le tournant libéral, etc...). Surement que certains des personnages décrits, ont été inspirés d'hommes et de femmes réels. La critique politique est évidente.