J’aime bien le travail de Mona Chollet en général. Je trouve que Beauté fatale et Chez soi partagent la vertu d’être des synthèses intelligentes, claires et documentés, sur des sujets qui prêtent parfois à confusion.
Et puis j’aime bien Mona Chollet parce que, disons-le, nous avons plus ou moins les mêmes opinions politiques sur pas mal de sujet, malgré quelques nuances.
J’avais donc hâte, très hâte de lire le nouveau Mona Chollet, d’autant qu’il semblait concerner un sujet qui m’attire beaucoup, les sorcières. Peut être alors, avais-je projetée quelque chose sur le livre, m’étais-je fait une idée du livre qu’il devait être. Quoiqu’il en soit je ressors un peu déçu du texte de Mona Chollet.
Non pas qu’il soit mal écrit car au contraire, l’écriture de l’autrice est, comme toujours, très agréable et plutôt précise.
Non pas parce qu’il manque parfois de profondeur théorique puisque c’est justement tout l’art de Mona Chollet de faire des belles synthèses qui vous poussent à aller voir la référence pour approfondir.
Mon malaise, qui est peut-être un peu exagéré, du moins tout personnel, c’est qu’en sortant du livre, on a l’impression que les sorcières ne sont qu’une excuse, qu’elles ne sont qu’un faire valoir.
L’autrice précise en introduction qu’il ne s’agira pas de parler en détail de la sorcellerie telle qu’elle se pratique aujourd’hui. Certes, mais en vérité, cela va plus loin, il ne s’agit pas de parler de la sorcellerie telle qu’elle se pratique et s’est pratiquée tout court.
La sorcellerie est l’occasion d’aborder 4 thèmes principaux : l’indépendance, le refus de la grossesse, la vieillesse et le rapport à la nature. Et si Mona Chollet prend parfois le temps de lier ces thèmes avec les persécutions des sorcières à la renaissance, ça laisse quand même un arrière-gout bizarre, l’impression que la figure de la sorcière ne prend pas son autonomie dans ce texte.
L’introduction est toute à fait excitante parce que là, justement, il s’agit de sorcières. Mais lorsque l’autrice développe son propos dans les 4 parties, les sorcières sont replacées à l’arrière-plan, un peu comme une origine mythologique (et en même temps bien réelle, hélas) des injustices et discriminations d’aujourd’hui.
Une fois cette déception passée, le livre de Mona Chollet reste un bon livre où on apprend plein de chose. Grâce à ses références, on a toujours plein de nouvelles choses à voir et à lire.