Il y a des livres qui dérangent parce qu'ils mettent le doigt sur quelque chose qu'on préférerait ignorer, et il y a les autres.
Celui-ci fait définitivement partie de la seconde catégorie.
N'ayant jamais lu, ni ne m'étant intéressé aux prises de positions publiques de Houellebecq, j'ai assez longtemps balancé pour savoir si ce livre était un avertissement sur ce qu'il se passerait si l'islam politique arrivait au pouvoir, ou si c'était au contraire une exagération volontaire des pires craintes des islamophobes croyants au grand remplacement pour s'en moquer. Force est de constater au fil des pages que mon optimisme qui voulait me faire croire au second s'est effiloché.
Alors bien sûr, ce livre n'est pas une critique ouverte de l'islam. C'est peut être encore plus pernicieux, car c'est fait sous forme douce, en voulant montrer à quel point ces religieux sont manipulateurs et sournois, au point d'amener à la conversion même le plus désabusé et religio-sceptique des personnages.
L'islamophobie de cet ouvrage se voit à travers des petites touches subtiles, son titre, déjà, qui jamais expliqué ouvertement, suggère une soumission volontaire. Et pour qu'il y ait soumission,il doit y avoir oppression. Sa manière ensuite de suggérer l'intelligence et le vice du dirigeant islamique, dont le projet principal et le plus immédiat est une reprise en main de l'éducation. La manière ensuite dont l'islam est présenté au personnage comme idéal, d'une manière pour le coup fortement exagérée qui laisse penser au second degré.
Ce qui s'exprime ouvertement dans ce livre en revanche, c'est une nostalgie d'une religion chrétienne civilisationnelle et forte, d'un patriarcat exacerbé.
Car là est l'autre très gros problème de ce livre. Présenté sous le couvert de son lien avec l'islam, le sexisme latent est présent à chaque page ou presque, les femmes n'étant présentes dans cet ouvrage qu'à des fins sexuelles ou nourricières. Même la collègue universitaire du personnage principal n'est présentée que sous le prisme du repas qu'elle lui sert, là où 100% des conversations spirituelles et philosophiques ont lieu avec des protagonistes masculins.
Si on devait trouver un point positif, l'écriture est plutôt agréable, le personnage principal, dans son cynisme et son obsession de l'auteur autour duquel a tourné sa vie est crédible. Seul défaut dans l'écriture, une tendance un peu forte au name dropping culturel un peut m'as-tu-vu, mais vu les cercles Universitaires dans lesquels gravite le personnage principal, ça reste compréhensible et finalement assez réaliste.
Bref, si quelqu'un a une lecture différente de cet ouvrage je suis curieux de l'entendre, mais pour l'instant c'est un gros "à bannir" pour moi.