Une diatribe contre le nihilisme occidental plus qu'un roman.
D'une, ce livre n'est pas islamophobe, mais bien islamophile, l'Islam étant vu d'abord comme une mystique qui pourrait faire sortir les occidentaux de leur apathie nihiliste. La "conversion" du pays à l'Islam permet l'accomplissement personnel de François mais aussi la rédemption de la France par la (re)-création du tissu social, la réussite économique suivant une doctrine solidaire, similaire à la doctrine de l'Eglise catholique, fondée sur les entreprises familiales et enfin son renouvellement sur la scène internationale par la reconstitution de l'Empire romain.
Ce livre n'est donc pas un livre pro-catholique et anti-islam, mais bien plus un livre mystique et anti-nihiliste. C'est d'ailleurs bien pour ça que Huysmans ait été choisi (la quête des valeurs dans ce monde décadent) plus qu'un penseur catholique "basique".
Ca c'était pour rétablir les pendules à l'heure dans un contexte où il semble bien qu'aucun média n'ait réellement lu le livre.
Quant au livre en soi, il est agréable à lire. On retrouve le style de Houellebecq. Chaque phrase fait réagir (on alterne régulièrement entre l'approbation, le regard sceptique, le sourire gêné etc.)
Mais seules deux composantes ressortent véritablement du livre :
- La composante "Extension du domaine de la lutte" sur le nihilisme, l'impasse de l'individualisme et de l'hédonisme etc. bref du Houellebecq classique... en moins bien.
- La composante religieuse et politique. Certes fort intéressante, elle ressemble plus à un essai qu'autre chose.
Bref : quoiqu'il n'y ait rien de bien nouveau ni excitant (en tant que roman), Soumission reste un livre à lire d'un point de vue politique, mais aussi ne serait-ce que parce que Houellebecq a un talent et un style qu'on ne peut retrouver nulle part ailleurs dans la littérature contemporaine.