On pense tenir un recueil de science-fiction des plus classiques, au vu de la couverture, et pourtant on est intrigué par le palmarès de l’auteur sur la quatrième de couverture : 4 prix Locus, 1 Hugo et le Grand Prix de l’Imaginaire, ce n’est pas donné à tout le monde…

La vérité, c’est que Lucius Shepard échappe à la catégorisation si chère aux rayonnages de la FNAC : si Bernacle Bill le spatial, première nouvelle de ce volume, est bien de la science-fiction « classique » de par son cadre (une gigantesque station spatiale où se nouent et dénouent des alliances), ce n’est qu’un prétexte à l’évocation poétique de l’espace et de la place que l’homme y occupe.

Dead money prend le lecteur à contrepied, instaurant d’emblée une ambiance étrange où se mêlent poker et vaudou, sorte de fusion entre Stephen King et Graham Masterton. On s’attend à tout en avançant dans le récit, et l’humour sarcastique fait passer ce road-movie fantastique de manière rafraîchissante.

Avec Radieuse Étoile verte, le décor change encore. On pourrait se situer dans le même univers légèrement futuriste. Ici, la vieillesse est remplacée par la possibilité de pouvoir transférer ses souvenirs et sa personnalité dans une mémoire numérique. Une histoire de vengeance sur fond de découverte de vie du cirque, qui permet de découvrir à quel point l’auteur parvient à rendre les émotions, les doutes et les convictions de son personnage principal.

Limbo permet à Shepard de s’approprier les codes de King pour verser ensuite dans le Lovecraft avec une facilité déconcertante. Toujours cette plume qui rend la lecture extrêmement aisée, tout en ménageant une émotion et un suspens tout au long de la nouvelle.

Des étoiles entrevues dans la pierre se pose à contrepied des autres textes, décrivant un phénomène inexplicable du point de vue d’un simple figurant, dont on ressent les pensées de manières quasi-fusionnelle.

La découverte d’un écrivain avec un énorme talent est toujours un plaisir. Lucius Shepard est tout simplement impressionnant, tant au niveau de sa prose que de la profondeur de sa réflexion. Le genre humain est mis en question en permanence ici, sans jamais sombrer dans la discussion philosophique. Le changement de genre à chaque récit déstabilise, mais offre un panorama qui donne le vertige…
Chips
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le 22 avr. 2014

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Chips

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