"Sumerki", c'est l'histoire d'un traducteur désargenté qui vivote en traduisant tout ce que son agence moscovite lui propose. Essentiellement des documents techniques soporifiques. Un jour, on lui confie la traduction, de l'espagnol au russe, du récit d'une expédition au cœur du Yucatan écrite par un conquistador à la fin du XVIème siècle. Les chapitres lui sont transmis au compte-goutte et à mesure qu'il progresse dans la traduction, des événements étranges se produisent dans sa vie.
On retrouve dans ce roman la même qualité d'écriture que dans "Métro 2033" et "Métro 2034" bien que le thème et l'atmosphère soient radicalement différents en dépit d'une localisation géographique identique. Dans tout bon roman, il faut que les personnages poursuivent une quête, qu'il y ait quelque part un mystère qui pousse le lecteur à s'accrocher jusqu'au bout pour connaître le fin mot de l'histoire. C'est bien le cas ici, puisque le récit du conquistador suggère d'entrée que l'expédition menée dans la sylve mexicaine à pour but la découverte d'antiques parchemins dans lesquels serait révélé un savoir ancien et caché, peut-être la date de la fin du monde prévue par des savants précolombiens des siècles auparavant.
Le genre adopté par Glukhovsky est celui du réalisme magique. L'ambiance m'a fait penser au "Horla" de Maupassant. On ignore jusqu'à la conclusion du roman si le narrateur devient fou ou s'il se passe réellement des événements étranges autour de lui. Arrivé au quart de l'histoire, je me suis dit que le livre, écrit avant 2012, cherchait à surfer sur la vague des élucubrations autour d'une possible apocalypse annoncée par les calendriers mayas. En fait, point du tout. C'est ce que l'auteur cherche à nous faire croire, mais les apparences sont trompeuses.
Un simple petit bémol, même si le livre n'est pas très long, il l'était un peu trop à mon goût. Il ne s'y passe pas tant de choses que cela, même si le tout est très bien mené et je m'y suis parfois un peu ennuyé. Les 640 pages de "Métro 2033" étaient totalement justifiées. Les 380 de "Sumerki" un peu moins m'a-t-il semblé.
Chapeau bas comme d'habitude à Denis E. Savine, le traducteur, toujours aussi brillant. J'espère que son travail actuel consiste à traduire, toujours pour le compte de l'Atalante, le troisième volet de la série d'Andreï Dyakov se déroulant dans le même univers que les Métro ("Vers la lumière", "Vers les ténèbres" et le troisième donc, dont le titre pourrait être quelque chose comme "Vers l'horizon" ou "Par-delà l'horizon" et qui n'existe pour l'heure qu'en russe et en allemand).
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