Sur l'onde de choc par Hard_Cover
Au Centre de Randémont, on réadapte les enfants difficiles faisant montre de capacités intellectuelles supérieures. Le but : en faire les futurs dirigeants de la planète.
Nick Haflinger a fui, il y a des années, de Randémont. Cet informaticien de génie échappe depuis aux agents à sa poursuite en changeant régulièrement d'identité. Pour l'y aider, il a conçu une couleuvre, un « virus » qu'il peut activer pour effacer toutes ses traces sur le Réseaux avant d'y implanter de nouvelles qui collent avec son nouveau personnage.
Mais Nick a été capturé. Paul Freeman est chargé de son interrogatoire. Il va apprendre toute l'histoire de la vie d'Haflinger. C'est aussi l'histoire de notre proche avenir, celui du tout numérique, de la manipulation du public par les politiques, des Grands Mensonges...
Sur l'onde de choc est le dernier roman de la tétralogie noire, série de romans qui dessinent un sombre avenir de l'humanité, toujours sous un angle différent. En 1968, Brunner écrivait Tous à Zanzibar, axé sur le problème du surpeuplement. Il poursuivait en 1969 avec L'Orbite déchiquetée, qui abordait le problème du racisme, puis en 1972 avec Le Troupeau aveugle, celui de la pollution à outrance de notre planète.
Dans Sur l'onde de choc, l'auteur place l'information au centre du récit. Dans un XXIe siècle où tout le monde est connecté au Réseau grâce au viphone, où tout le monde devrait avoir accès à tout renseignement utile et/ou important, on cache des choses à la population. Ces secrets, ce sont ceux des politiques, des lois enfreintes par les gouvernements, à fin d'enrichissement de leurs membres ou des corpos qu'ils servent. Il y a aussi la dissimulation des informations concernant les recherches secrètes sur les enfants qu'on conditionne à servir le pays, sur les enfants comme Nick Haflinger.
Avec ce quatrième roman de la tétralogie noire, John Brunner montre une nouvelle fois son talent de prévisionniste. Bien que ce roman soit, à mon avis, moins fort que Tous à Zanzibar ou Le Troupeau aveugle, qui frappaient le lecteur par leur vraisemblance et leur justesse, il nous alerte efficacement sur une certaine réalité de nos sociétés modernes : ceux qui nous dirigent ne nous disent pas tout, et pas pour notre bien... mais plutôt pour le leur. Je pense qu'on est encore loin de la société dépeinte par Brunner dans ce roman, au niveau technologique (avec les couleuvres) et même social. Mais il y a quelques éléments intéressants et qui collent avec notre début de XXIe siècle, et qui permettent de se dire que décidemment, John Brunner est un sage.
Doit-on détruire le réseau Internet ? Telle est la question que l'on pourrait se poser à la lecture de Sur l'onde de choc. On sent que Brunner voudrait dire oui (Internet n'existait pas tel que nous le connaissons en 1975, mais le Réseau de Sur l'onde de choc y correspond parfaitement), mais il conclue toutefois que non. Assez utopiquement, on s'en doutera, il fait gagner son héros et plier les gouvernements et les corpos. Ce salut vient d'un génie, un homme hors du commun qui à lui seul - ou presque - va sauver le monde.
C'est sans doute là le défaut de ce roman : il se finit trop bie pour secouer violemment le lecteur, le révolter. Mais Sur l'onde de choc a été écrit à une époque où les écrivains de science-fiction avaient peut-être encore un peu d'espoir pour notre société chancelante...
Sur l'onde de choc, dans la lignée des trois romans qui le précèdent, est à lire. Et cela pour les mêmes raisons : la construction et le découpage du récit, particuliers, la vision juste de l'avenir de Brunner et aussi, et en cela ce roman se différencie de Tous à Zanzibar notamment, un vrai scénario.
De toute façon, Brunner est bon. C'est un prophète. Alors il faut le lire et le relire !