Amère déception
Après sa chute d'un toit, Sylvain Tesson est esquinté, défiguré, affaibli. Il décide de traverser la France à pied pour se requinquer. Son itinéraire devra passer le plus possible par les "chemins...
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le 22 mars 2017
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Quitte à ce que quelqu'un tombe d'un toit, pardon pour lui, mais autant que ce soit Sylvain Tesson. Il en est ainsi que certains ont le talent de faire surgir du sens là où il ne semble y avoir qu'un coup du sort, un accident, un événement fortuit. Il en est ainsi que certains parviennent à repriser ce qui est abîmé, à polir ce qui est élimé, à sublimer ce qui est cassé. D'ailleurs... Tesson, Tesson, ne serait-ce pas là un nom un peu prédestiné?
Cette lecture m'a enchantée au sens littéral comme au sens figuré. Moi aussi j'ai arpenté pas-à-pas ces chemins oubliés, broussailleux, tapis dans l'ombre du "dispositif", juste à côté des autoroutes de la vitesse et de la rationalité. J'ai accompagné l'auteur au rythme lent, cadencé de la marche, celui qui berce nos pensées comme un baume magique et nous ramène immédiatement à notre juste échelle, à un rapport au temps profondément humain, celui de nos ancêtres et de notre enfance. C'est parfois âpre, rugueux, physiquement épuisant mais ô combien salvateur.
Sylvain Tesson est un peu druide. Il tisse son écriture d'un fil poétique et érudit qui ensorcèle son lecteur en parvenant toutefois à ne jamais se l'aliéner. En lisant du Tesson, je pense parfois à un de mes poèmes préférés, El Desdichado de Gérard de Nerval auquel je ne comprends rien mais qui me happe comme un sortilège amical, une rêverie bizarre et incroyablement agréable.
Le Noir de ce récit est abyssal en ce qu'il appuie très douloureusement sur le constat de notre époque que nous regardons défiler avec une sorte d'effarement hypnotique.
La Lumière de ce récit est, en parfait contre-point, tout aussi éclatante car elle nous console en nous montrant que des chemins noirs existent encore et qu'il ne tient donc qu'à nous, ne fusse qu'un petit moment, de faire un pas de côté dans leur direction, pour nous écarter.
Mettez un bonne paire de chaussure et laissez-vous prendre par la main bienveillante de Sylvain Tesson.
Merci de m'avoir lue,
Amitiés,
Dustinette
Créée
le 12 avr. 2019
Critique lue 266 fois
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