Une œuvre de jeunesse avec tout ce que cela implique de passion, de fougue, voire d’excès ou de limites dans l’analyse. Un texte qui trouble le lecteur philosophe même s’il n’est pas sans rappeler Kierkegaard (le prima de la subjectivité) et Nietzsche (le volcan, la destruction, l’apocalypse) car la pensée est très intimement liée à un état non seulement psychique (l’obsession de la mort, la fascination pour le chaos) mais aussi physique (l’insomnie). Le lecteur doit donc faire un effort pour comprendre à partir de quelle expérience Cioran parle et écrit. Alors seulement, il peut accéder à quelques fulgurances ( "Devant la misère, j’ai honte même de l’existence de la musique. ») et même à de riches critiques des sagesses antiques (épicurisme et stoïcisme).