C'est sur le conseil d'un ami, Ludo pour ne pas le citer, que j'ai pris ce recueil de nouvelles de Thomas Day car il m'était promis un héros qui promenait des membres d'enfants sur des crocs de bouchers ornant son armure. Sur ce point, je n'ai point été déçu. Je sais, je dois être un grand malade pour m'intéresser à ce type de pitch, mais bon, je me soigne en lisant du Douglas Kennedy, rarement, mais ca m'arrive.
Ce recueil est composé de six nouvelles. Il s'agit de l'édition « redux » où certains textes ont été remplacé par d'autres. De même d'autres ont été réécrits par l'auteur. Nous sommes dans du Thomas Day de pur tradition avec des histoires noires et violentes. Avec son écriture portée sur l'action, on peut penser avoir affaire à un auteur anglo-saxon, mais pourtant, ca et là, des traits propres à la littérature française ressurgissent donnant à l'ensemble un goût indéfinissable.
La première nouvelle s'intitule « Une forêt de cendres » et nous décrit un Londres confronté à des hordes démoniaques qui menacent d'avoir la mainmise sur la planète entière. Les maladies, les guerres rongent les hommes. Parmi eux, Paul of Perth a une réputation de brute sanguinaire. C'est lui qui porte les crocs de boucher dont il est question plus haut. De vieille noblesse, c'est à lui que la dernière reine d'Angleterre fait appel afin de sauver le royaume. Après une traversée éprouvante des terres du nord, Paul découvre peu à peu le plan de sa souveraine qui n'a rien à envier à ses infernaux adversaires. Une nouvelle de fantasy pur jus où Londres est, une fois encore pour le genre, le décor idéal des intrigues avec un petit clin d'œil à l'histoire du masque de fer.
Suit « A l'heure du loup » où dans un monde post-apocalyptique, on suit les derniers humains et ceux qui sont appelés à leur succéder. Une belle nouvelle fantastique, modérément horrifique avec plus d'ambiance que de trash gratuit. Puis, dans « L'erreur », Thomas Day nous emmène dans un Londres du futur. Là, Big Mama, le magnat de la presse trash, règne en maître absolu et inonde les kiosques avec son « Horror News », sorte de condensé des informations et images les plus ignobles et sordides qui soient. Lorsque Darrell entre dans le palmarès de l'horreur, Big Mama va lui donner un challenge à remplir. Du sang et du sexe à foison avec un Thomas Day qui retrouve ici ses vieux démons littéraires.
Dans « La Mécanique des profondeurs », nous explorons une Amsterdam dont une grande partie se trouve sous les eaux. Et c'est là que les zombies, des chasseurs de primes qui éliminent les criminels agissent, ne laissant aucun survivant après leur passage. Ozzie fait partie de cette organisation. Son atout mais aussi ce qui la place à l'écart des autres, c'est qu'elle est une mutante mi-humaine, mi-poisson. C'est bien commode pour plonger dans la ville et traquer. Son engagement ne se motive cependant pas par sa volonté de combattre le crime. Elle veut retrouver un tueur en série surnommé « Le Tatoueur ». Son père. Thomas Day nous invite à une descente aux enfers, dans les profondeurs de ce monde aquatique.
Pour « La Notion de génocide nécessaire », il s'agit de la mission que l'ONU a confiée à Kashoggi. Il va devoir expliquer aux nomades mongols tout l'intérêt qu'ils auraient à porter un implant rotulien qui permettrait de savoir où chacun de leur concitoyen se trouve. Etrange quand même cette idée des Archontes, une race extraterrestre qui la pose comme condition pour des relations durables avec la terre, mais nécessaire pour lever de nouveaux impôts. Mais une solution astucieuse va peut-être laisser aux peuples primaires leur droit à la liberté. Une idée originale.
Enfin « Démon aux yeux de lumière » vient clôturer le présent recueil. Il y est question du retour de Loki. En effet, le jour où il ressortit des entrailles de la terre, il amena avec lui toutes les peurs de l'humanité. Du monde que nous connaissons, il ne reste rien sinon quelques groupes de survivants qui errent de ruines en ruines. Mais lorsque le facétieux Loki ne tue pas, il s'ennuye ferme. Ainsi, quand Cybèle la mortelle se trouvera sur sa route, il ne sait pas encore qu'elle va radicalement changer son mode de vie. Décidément ce sont les femmes qui auront toujours dirigées ce monde. Une nouvelle de fantastique de bon aloi.
Un recueil de Thomas Day hanté par ses passions du sexe et de la violence gratuite, mais aussi un bon moment de lecture pour moi. Des mondes improbables et la plume acérée – même si parfois elle est plus légère – de Thomas Day pour nous décrire tout cela et y placer de bonnes intrigues. Une lecture intéressante mais pas pour les enfants, bien sûr.