À vingt ans, traînant dans la bibliothèque familiale, je suis tombée sur "le bruit et la fureur". Le titre du livre m'étant familier, je m'en suis emparée subrepticement, ma mère n'aimant pas que "j'emprunte" ses livres du fait de ma fâcheuse tendance à me les approprier. Quelques instants plus tard, tranquillement assise dans le métro, j'ai enfin pu commencer ma lecture. Très décontenancée, je n'ai rien compris.
À l'époque, point de smartphone, et pour accéder à internet, nous avions le wap, autant dire qu'il valait mieux attendre d'être devant un ordinateur pour consulter wikipedia. Donc dès que l'occasion s'est présentée, j'ai menée l'enquête; quelle était donc cette histoire dans laquelle je me lançais et qui me semblait bien confuse. Le livre est en fait raconté par quatre narrateurs différents, le premier d'entre eux étant un handicapé mental dont nous suivons le cheminement de pensée.
Une fois le mystère éclairci, j'ai pu apprécier grandement le livre, que j'ai adoré, et tirer deux conclusions: Faulkner serait vraisemblablement un de mes écrivains favoris, mais je ne serais malheureusement jamais capable de le lire en VO, par peur de ne pas comprendre.
Au fil des années, j'ai ensuite lu d'autres livres de cet auteur, dont le fabuleux "Sanctuaire", et maintenant "Tandis que j'agonise" (As I lay dying). Un peu comme dans "Le bruit et la fureur", l'histoire est racontée successivement pas différents personnages, principalement les membres de la famille Bundren, mais également parfois ceux qui croisent leur route. Chaque chapitre (un peu plus d'une cinquantaine me semble-t-il), de deux-trois pages en moyenne, correspond à un narrateur, le style et la manière de penser changeant légèrement de l'un à l'autre (mais au final, pas tellement).
L'histoire suit les dernières heures d'Addie Bunden mourante, et après son trépas, le périple des siens pour aller l'enterrer sur la Terre de ses ancêtres.
L'histoire, pleine de péripéties, est assez prenante, et la façon de la raconter, originale et bien menée. On peut toutefois regretter un survol un peu trop rapide des personnages et de leurs pensées. Bien sûr, c'est ce qui donne du rythme au roman, ces chapitres courts et ce changement rapide de narrateur, mais je trouve dommage qu'au final, la façon de penser et de s'exprimer de tous les personnages se ressemblent trop.