Cet avis comporte des SPOILERS, je ne vous recommande donc pas de le lire si vous n'avez pas encore lu le livre.
Un livre d'un registre que j'ai peu l'habitude d'explorer : le feel good. Pas forcément réfractaire à l'idée de lire un livre sans prétention littéraire mais avec l'objectif - tout aussi noble - de créer un sentiment de bien-être chez son lecteur, j'ai décidé de tenter le coup avec cette oeuvre remarquée dans un rayon de la Fnac.
Le titre m'a attiré, le synopsis eut rapidement fini de me convaincre de sauter le pas. Une histoire de voyage à travers le temps, encadré par des règles très strictes et que plusieurs personnages décident de tenter.
Je suis passé par plusieurs émotions - externes à la diégèse de l'oeuvre - lors de ma lecture. Déjà, le style d'écriture. Je ne sais pas ce que peut ressentir un japonais en lisant l'oeuvre dans la langue de Kenshin Himura, mais personnellement, j'ai éprouvé plusieurs fois un sentiment désagréable. Le récit du voyage de Fumiko par exemple m'était insupportable. C'est un parti pris qui me semble cohérent avec l'hypersensibilité - assumée - du personnage, mais ses réactions exagérés et son impatience, qui frôle avec de l'infantilité, m'ont rendu la lecture moins fluide. D'ailleurs, ce sentiment des pensées un peu trop mises en avant m'a également gêné avec d'autres personnages. J'imagine que ce peut être perçu comme une force, puisque ça appuie le côté humain des personnages et qu'il s'agit bien là du sujet que souhaite approfondir l'auteur. Néanmoins, ça n'a pas pris chez moi.
Bref, pendant disons les trois premières histoires, je n'étais guère convaincu par le livre. J'y trouvais bien du plaisir, mais disons qu'il était un peu tiède. Fort heureusement, j'ai refusé de repartir tant qu'il n'était pas froid, comme m'y autorise la règle. Et j'ai bien fait.
Le dernier acte du livre m'apparaît comme le plus touchant. C'est celui qui apporte le liant final à tous les personnages. Si les histoires montent crescendo dans la violence des épreuves par lesquels les protagonistes passent (une rupture amoureuse comme tout le monde peut la connaître, une maladie dégénérative (certes précoce) qui est une réalité plausible mais assez lointaine pour la plupart des gens, la perte brutale d'un être cher qui semble ne pouvoir arriver qu'aux autres, et enfin le cas particulier d'un corps trop fragile qui ne peut supporter l'accouchement qui est franchement devenu infinitésimal à notre époque), le point d'orgue m'a réellement bouleversé.
Je regrette peut-être juste ce que j'interprète comme de la maladresse de la part de l'auteur dans sa volonté d'apporter des indices en amont, car il n'y a aucune subtilité. Le premier voyage d'un adolescente pour voir Kei apparaît clairement comme étant sa fille, et ça ruine un peu l'expérience de découverte lors que Kei le comprend à son tour. On a un temps d'avance sur les personnages de manière beaucoup trop directe.
La morale reste assez belle et la réflexion sur notre rapport aux évènements, au temps et surtout aux regrets/remords sont des éléments appréciables de l'oeuvre, sans qu'ils ne puissent avoir pour autant la prétention de révolutionner nos vies.
J'en garderai donc le souvenir d'un petit livre qui se dévore vite, agréable à lire (n'est-ce pas l'essentiel pour une oeuvre feel good ?) mais qui ne me donne par exemple pas spécialement envie de lire la suite, du fait d'un style parfois franchement agaçant et de choix narratifs maladroits.
Addendum : après lecture d'un avis sur Babelio, je me rends compte que la lecture a également été alourdie par les répétitions - des règles notamment - du narrateur. Je pense que le sentiment d'agacement a été fortement amplifié par ce procédé.