Dennis Lehane, c'est l'un des rares auteurs de polars "à la mode" qui sache conjuguer, au delà des intrigues impressionnantes qui lui ont valu déjà un bon nombre d'adaptations réussies au cinéma, une belle élégance d'écriture avec une grande profondeur des personnages, clairement inscrits dans un lieu géographique (Boston) et un contexte socio-économique (le prolétariat d'origine Irlandaise). Ce qui fait que, même si l'on peut trouver pas mal de choses à redire - pour une fois - à l'intrigue de ce "Ténèbres... ", datant quand même de 96 (serial killer peu crédible, guère de surprise dans la révélation finale du coupable, dernière scène de confrontation en forme de cliché qui tombe assez à plat), le plaisir de lecture est permanent : on rit de bon cœur aux saillies humoristiques qui abondent dans la patiente - et superbe - exposition des personnages et de leur environnement, on tremble sincèrement avec eux quand nos héros deviennent à leur tour victimes, bref on vibre intensément tout au long, ou presque, de ce thriller très humain, et souvent même très touchant. Lehane est un maître.