Des vivants, des morts et surtout des damnés entre les deux tentent de vivre, tentent de survivre dans les décombres de la seconde union soviétique. Des groupes se forment, s'attirent près des points créés par les réacteurs nucléaires qui alimentaient les nouveaux kolkhozes et sovkhozes. Ancien soldat soviétique, nouveau prisonnier, Kronauer est attiré près de Terminus Radieux. Il y trouve une communauté d'êtres ni vivant ni mort, peut-être même pas réels. Quasiment tous rêvés par Solovieï qui tire les ficelles de leurs vies et de leurs âmes, autour d'un réacteur devenu fou et qui s'enfonce deux kilomètres sous terre malgré qu'il soit nourri par mémé Ougdoul.
Attiré par ce roman d'Antoine Volodine depuis quelque temps c'est avec envie que je m'y suis plongé, mais c'est avec peine que je l'ai fini. Surement me manque-t-il quelques clés de lecture, mais si les références à l'idéologie soviétique sont omniprésentes j'y suis resté passablement hermétique, question de génération j'imagine.
Bien que prenant place dans un monde post-apocalyptique, le récit n'est pas d'anticipation pour autant. Le cadre géographique semble n'être qu'un décor pour combat entre Soloviev et Kronauer. L'atmosphère y est éprouvante avec les descriptions des altérations physiques dues aux radiations qui sont crues et sans filtre.
J'ai trouvé aussi quelques tics d'écriture superficiels. Par exemple, qu'apportent les nombreuses énumérations de graminées au récit ? Dès que le héro se tient dans la taïga (et ce n'est pas rare) surgit cette trace de son ancien mariage avec une biologiste massacrée par les capitalistes. De même, les passages de la "biographie" de Soloviev sont assez pénibles à la lecture et bousculent l'équilibre et la monotonie du récit.
Si l'exposition d'un thème ou d'un but au récit n'est pas une fin en soi, cela m'a manqué. Si je devais lister, j'y vois l'effondrement d'un idéal et la poursuite désespérée de l'utopie perdue; Les relations entre hommes et femmes; le danger nucléaire. L'omniprésence de l'évocation d'un combat entre homme et femmes et des violences qui s'y associent, pousse au malaise. Je ne crois pas me souvenir d'une rencontre entre un personnage féminin et un autre masculin sans évocation de la violence jusqu’au viol.
Et pourtant la langue est belle, la curiosité l'emporte et incite à poursuivre, mais lorsque qu'on ferme le roman je ne saurai dire ce que j'en retiens. J'aurai aimé en savoir plus sur ce monde. Que s'est-il passé avant l'effondrement ? A part quelques traces d'une guerre civiles entre fidèles soviets et chiens capitaliste, bien difficile de le dire. Que se passe-t-il après ? Probablement rien, le roman raconte autant la fin de son héro que la fin de tout. Est-ce là l'essence de la nature humaine lorsque la vie n'entre plus dans l'équation ou bien une image de l'effondrement de cette même nature ? Durs et pessimistes postulats.
Encore un livre que j'aurai aimé apprécier mais dont je suis passé à côté. 6/10