Dans les ruines de la 2ème Union Soviétique, errent des humains ni vivants, ni morts. L'un d'entre eux atteint le kolkhoze "Terminus radieux" dirigé d'une main de maître par Soloviev, thaumaturge, sorcier, rêveur


Pendant tout le roman la nature exacte de ce qui nous est raconté et ce qui arrive aux personnages ne sera jamais fixé : Rêve ? Réalité ? Récit dans le récit ?


Il n'y a pas de frontière précise entre ces réalités qui se mélangent, se superposent, se chevauchent dans le roman, le lecteur se retrouve ainsi dans le même état d'incertitude et de confusion que les personnages, perdu dans le Bardo


Très clairement la force de Terminus Radieux c'est la force des images qu'il implante dans l'esprit et les inoubliables personnages, tous frêles, perdus, au bord de la rupture La narration éclatée est confuse et presque anecdotique. Elle est là pour guider le lecteur dans un univers étrange et déprimant, rien de plus


Puissance des images donc, car ce purgatoire est composé uniquement des deux paysages, la steppe et la taïga. On est étourdi par l'immensité des plaines russes parsemées de trace de plus en plus ténues d'humanité : camp de concentration à l'abandon, kolkhoze et voie ferrée. Quelque chose comme la Zone de Tchernobyl étendue à l'infini


.La qualité des descriptions et de l'écriture en général contribuent à une véritable fascination pour le décor de "Terminus Radieux" et les images s'implantent puissamment dans l'esprit du lecteur.


Le traitement des personnages est également admirable. Tous sont plus ou moins condamnés à une errance infinie et sans espoir, tous se débattent dans un monde qu'ils ne comprennent pas vraiment, tous sauf un doute même de la réalité ou de la pérennité de leur existence.


Je découvre donc le "post-exotisme" avec ce roman remarquable pour son ambiance épaisse, ces personnages perdues et la qualité de l’écriture. Par contre on est clairement dans de la SF symbolique qui ne plaira pas à tous le monde.


Terminus Radieux est le genre de livre qui murit lentement dans le cerveau du lecteur. Les évènements et la narration étant maigre, ce que l'on retient c'est la puissance des images. La qualité d'écriture font que celle-ci s'implantent puissamment en nous et je sais que si dans quelque mois je serai incapable de raconter le déroulé du roman je serai encore habité par les personnages et les paysages fabuleux de ce roman.

Coriolano
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le 9 févr. 2016

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