Vendredi 13 novembre 2015. Une dernière douce soirée avant l’hiver, un temps étonnamment clément, mais on ne sait s’il s’agit d’une offrande ou d’un piége, les deux peut-être. Aurait-on dû, ce matin là, chercher un présage annonçant le malheur à venir ? Pour beaucoup, la soirée est pleine de promesses : deux jeunes amoureuses savourent leurs retrouvailles, deux jumelles ont hésité entre Paris et Barcelone pour fêter leur anniversaire, ce sera Paris… Un couple se dispute, lui doit garder l’enfant tandis qu’elle sort dans un bar avec des amies. Le quotidien, les joies, les peines d’une vie normale. Et puis un évènement va aspirer tout le reste : « Seul compte l’abîme. Et il est tout prêt« .
Terrasses est le récit de l’indicible, d’une inimaginable soirée parisienne qui a viré au cauchemar. Laurent Gaudé porte la parole de ceux qui ont vécu les attentats : victimes, témoins, officiers de police, secouristes conviés à une danse macabre, celle de la terreur pure. Comme si nous y étions, aux abords du stade de France, aux terrasses des cafés, au coeur de la fosse du Bataclan, à la merci des balles et du Hasard. « Toi, oui… Toi, pas… ». Le coeur au bord des lèvres, je me mets à la place de toutes ces personnes qui ont vécu l’horreur de cette nuit là, c’est une douleur intense qui n’est en rien comparable à ce qu’ils ont vécu. Le titre complet et le chapitre final offrent la possibilité d’imaginer que les choses auraient pu être différentes. Je me dis que ce livre devait être écrit et que Laurent Gaudé l’a fait avec courage et justesse.