J'ai mis plusieurs jours à accepter d'avoir fini ce roman de Thomas Hardy. Ma lecture ayant été ralentie pour des raisons personnelles, l'oeuvre m'a accompagnée pendant plusieurs semaines, faisant ainsi une entorse à mon habituelle rapidité de lecture. Mais ce retard n'a pas pour autant gâché la découverte de ce chef-d'oeuvre ni amoindrie sa qualité et sa puissance.
Que dire ? Je ne voudrais pas déflorer les magnifiques pages qui composent ce roman, je ne vais donc que proposer ici quelques étamines de mon ressenti pour que, si vous souhaitez lire un jour ce roman, vous puissiez sentir pousser en vous la Beauté profonde et crue décrite par Hardy.
Je dois d'abord commencer par dire que je me suis formellement interdit le visionnage du film de Polanski afin d'être vierge de tout jugement et de toutes images. Je pense que mon choix fut le bon puisque les descriptions sont telles qu'elles ne nous ennuient pas du tout...ni nous lassent.
Tess : oh que j'ai voulu te prendre dans mes bras à de nombreuses reprises lorsque je découvrais pages après pages ton triste sort, car je ne vous cache pas, chers lecteurs, que la vie de Tess appartient à ce lot de destins terribles et violents qui nous font regarder le nôtre avec plus d'humilité.
Tess, de quel courage, de quelle abnégation as-tu fait preuve! parce qu'il en faut de la vertu et de la volonté pour se battre contre des conventions sociales et religieuses et tenter d'en faire triompher l'amour; le véritable amour pur. Un amour pur peut-il seulement être reconnu par l'aveugle convention religieuse?
Thomas Hardy parvient à faire naître presque toutes les nuances de la palette chromatique si variée des émotions et des sentiments humains. Tout y passe : le désir charnel et animal évoqué avec une passion vibrante sans aucune vulgarité- je dirais que c'est à cause de lui que le destin de Tess est si lourdement et précocement marqué (mais je n'en dis pas plus) , l'amour pur et dévoué rempli d'une abnégation totale, la jalousie féminine mêlée d'admiration, la haine, les préjugés sociaux , la tristesse et le sentiment d'abandon...
Quiconque lit ce roman ne peut en sortir indifférent et le refermer pour le laisser là sur un guéridon, dans un rayonnage de bibliothèque... Je crois que l'on ne peut qu'être attiré vers ces personnages que tout déchire, tout sépare et tout relie. Il est rare que je pleure autant , que je m'énerve, que je parle devant un livre, celui-ci m'a fait réagir et c'est, je crois, un gage de qualité.
Hardy réussit au travers de cette histoire somme toute banale à laisser entrevoir le mystère de la Vie humaine, des sentiments, de leur force et de ce qu'ils nous poussent à faire parfois, jusqu'au plus grave, jusqu'à l'impardonnable.
Ce livre est vivant, charnel, pur, violent, beau.
Je vous le recommande chaudement car nous gagnons tous un peu à connaître cette Tess d'Uberville pourtant promise à une belle destinée par son nom et sa lignée et qui se retrouve enchevêtrée dans les noeuds de la Fatalité.