Tess, une jeune paysanne, est envoyée par son père chez ses nobles cousins : les d'Urberville. Ce dernier, au bord de la ruine, espère la voir revenir mariée. C'était sans compter sur les moeurs peu recommandables d'Alec d'Urberville, un de ses maîtres... Tess reviendra enceinte, abandonnée, et accouchera dans sa petite ferme natale d'un enfant mort-né.

Ce triste incipit n'est hélas qu'un prémisse de la descente aux enfers de Tess, dans la société anglaise puritaine de la fin du XIXe siècle, où la réputation d'une jeune fille est un bien des plus fragiles.

Tess parcourra à pied les magnifiques paysages du Wessex, pour chercher du travail et subvenir aux besoins de ses nombreux petits frères et soeurs. Elle tombera amoureuse d'un fils de pasteur - Angel Clare, mais sa pureté et son honnêteté l'empêcheront de dissimuler son "péché", et d'avoir ainsi la vie qu'elle mérite tant.


Ce roman est un tel chef d'oeuvre qu'il m'est difficile d'entamer cette critique !
Il m'a passionné à un tel point qu'il me parait impossible de poser avec des mots tout ce qu'il m'a fait ressentir (et pourtant, ce sont bien des mots qui m'ont fait ressentir tout cela!).

** Attention Spoiler **

Je pense n'avoir jamais découverte d'héroïne aussi attachante, aussi touchante.
Je pense d'ailleurs n'avoir jamais lu un livre et l'avoir refermé si souvent avec rage, par peur de ce qui allait arriver à l'héroïne à la page suivante.
Tomber enfin sur un moment de grâce, et ne pas vouloir lire la suite d'un roman pour rester dans l'utopie de ce court instant de bonheur. Parce qu'il reste tant de pages, et que les lignes sont si mélancoliques que l'on sait pertinemment que cela ne se finira pas bien.

Le récit d'une extrême dureté contraste avec la poésie de la prose de Hardy, dont les descriptions de la nature, de la vie paysanne et des émotions des personnages sont d'une incroyable délicatesse. Le sentiment amoureux a-t-il jamais été aussi bien rendu ? Il n'y a qu'à lire la description de Clare, alors qu'il commence à tomber amoureux de Tess, et qu'il la contemple en train de traire une vache à l'aube - tâche pourtant bien prosaïque.

Tess mettant ses plus jolis souliers pour aller voir les parents de Clare, puis se rétractant à quelques pas de l'église...
Clare, portant toutes les fermières énamourées pour les aider à franchir un petit ruisseau, dans l'unique but de porter la belle Tess...
Mais Clare, rempli de principes, idéalisant Tess comme une icône de pureté puis la faisant retomber de ce piédestal aussitôt sa "faute" révélée... alors que la jeune fille est en réalité bien plus pure qu'il ne pourra jamais l'imaginer.

Thomas Hardy nous offre le plus poétique et le plus bouleversant des finals.

Tess, si digne, si innocente, si courageuse, si lumineuse. Résignée.
A l'image de cette magnifique campagne anglaise, elle reste, seule, rayonnante dans un univers sombre et cruel auquel elle ne semble pas appartenir.



inimay
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le 29 août 2011

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inimay

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