Trigger Warning : sur tout ce que vous pourriez imaginer. Je ne plaisante pas, si vous êtes un tant soit peu sensible ou dans un mauvais mood, ne commencez pas à lire ceci.
(Le livre hein, pas la chronique).
(Enfin, je crois...)
Dans "Tétraméron - Les Contes de Soledad", José Carlos Somoza nous raconte l'histoire de Soledad, une collégienne qui lors d'une excursion scolaire se perd dans un ermitage, et se retrouve seule face à la porte d'une cave.
Lorsqu'elle décide de risquer un œil au-delà de la porte, elle découvre un bien étrange tableau : 4 personnages sont réunis autour d'une table ronde, et l'invite à rentrer afin d'écouter les histoires qu'ils ont à raconter. Ainsi débute pour Soledad (et pour nous, lecteur.ice.s), un bien étrange voyage dans des contrées qu'il m'a rarement été donné de rencontrer en littérature, et même dans l'art.
Ce roman est en fait un recueil de contes/nouvelles déguisé (et bon sang qu'est-ce que j'aime ce format !), contes qui sont alternés avec le présent et les réflexions que Soledad est amenée à se faire.
Alors il faut tout d'abord que je crève l'abcès : je suis malaisé de dire que j'ai aimé l'expérience que fût cette lecture. L'horreur est grandissante tout au long du récit, mais elle va jusqu'à un point que je n'avais jamais rencontré auparavant : ce serait du spoil que de vous décrire les pires éléments qui se trouvent là-dedans, mais je pense que vous pourrez facilement les imaginer. J'insiste sur les trigger-warnings ; faites attention si vous vous lancez dans cette lecture (et ne la donnez pas à n'importe qui sans connaissance de cause).
L'horreur, le malaise et la peur (qu'est-ce que j'ai flippé parfois) sont les éléments dominants de ce livre ; ce qui moi m'a beaucoup plu dans cette lecture, c'est le bizarre dont l'auteur pare son récit. On est immergés dans un rêve effrayant et jusqu'au bout, cette sensation ne nous quitte pas. Parfois (même souvent), on ne sait pas quoi penser d'une scène parce qu'elle est simplement dénuée de logique ou de raison ; impossible de poser des mots dessus.
Mais au contraire, la construction de l'intrigue est elle très intéressante et logique de bout en bout ; c'est en avançant de plus en plus dans les histoires racontées que l'on comprend où l'auteur veut en venir dans ses réflexions, ses messages, et pour ce qui est du récit en lui-même, où les mystérieux personnages de cette tablée veulent en venir avec leurs contes, à quoi tout cela sert. Le fond est en fait très métaphysique, et j'ai beaucoup aimé cela.
Je balance l'info comme ça, mais ce roman s'inscrit dans la lignée de deux autres livres parus respectivement au XIVème et XVIème siècle : "Décaméron" de Boccace et "L'Heptaméron" de Marguerite de Navarre. J'imagine qu'il est intéressant de les découvrir pour mieux saisir dans quelle lignée s'inscrit le roman de José Carlos Somoza, et c'est ce que je vais certainement faire (quand j'aurais fini les 500 autres livres de ma palAHAHAH).
Au final, je pense que c'est un bon roman pour découvrir l'univers de l'auteur, mais je le répète : c'est un des plus violents, pernicieux et immoral qu'il m'ait été donné de lire (Grippe-Sou fait pâle figure à côté...).
Ce livre marquera sans nul doute mon parcours de lecteur et depuis que j'ai quitté cet univers, je n'arrête pas d'y repenser. Difficile de vous conseiller ce livre, mais si vous aimez les expériences extrêmes, tentez-le. Sinon, veillez à bien laisser la lumière allumée lorsque vous vous coucherez.
Les monstres ne sont jamais très loin.