Un univers en équilibre, une intrigue pas assez puissante
A peine survolé la quatrième de couverture, le résumé m'a attirée irrésistiblement et je l'ai emprunté à l'ami qui l'avait laissé posé sur sa table basse.
L'univers du roman ne m'a pas déçue : je suis fan d'uchronies et de science-fiction réaliste, de situations de pression psychologique et autres régimes totalitaires à toutes les sauces.
Avec Beszel et Ul Qoma, on nage en plein délire, ces deux villes qui n'en sont qu'une, mais pourtant en sont deux. La construction entière de l'univers repose sur un socle si fin, si fragile, celui de l'endoctrinement et l'obéissance de ces citoyens d'un pays qui s'empêchent depuis toujours de regarder de l'autre côté.
Cent fois au cours de ma lecture je me suis demandé si cet équilibre n'allait pas tomber. Je me suis énervée toute seule contre les protagonistes et leurs habitudes bien ancrées, leur refus de voir une réalité qui paraît évidente aux yeux du lecteur, et à force de me mettre dans la peau de ces piétons qui sélectionnent soigneusement ce qu'ils ont dans leur champ de vision, j'en avais mal aux yeux !
L'histoire nous fait avancer lentement dans la compréhension de cet univers et de son fonctionnement, de la division des villes à la menace invisible de la Rupture, la peur des uns, la soumission des autres, tout cela est très bien mené.
Par contre, l'enquête policière qui est censée nous guider dans ce contexte m'a déçue. Intriguante au début, confuse au milieu, je me suis totalement perdue dans les explications finales sans comprendre les motivations des uns et des autres, dont j'ai trouvé les explications un peu bâclées. Et puis, les personnages principaux n'ont pas vraiment de personnalité.
Donc, si l'immersion dans le quotidien de cette réalité ubuesque m'a beaucoup plu, l'intrigue était presque de trop, finalement. Dommage.