Très étrange livre qu'on vient de m'offrir, là.
Il est de notoriété publique que le grand pianiste de jazz américain Thelonious Monk était une personnalité très complexe, peu loquace mais géniale dès lors qu'il était devant un piano. On sait aussi que son caractère "électron libre" ne s'accordait pas toujours avec les autres musiciens. Enfin, on sait aussi que ses silences dans son jeu étaient éloquents. Et puis, force est de savoir que les dernières années furent très difficiles pour lui car il vivait reclus et prostré, ne parlant plus, ne jouant plus.
L'écrivain et musicien martiniquais Roland Brival a rendu un émouvant hommage à Thelonious Monk en essayant de se mettre dans sa tête dans sa période de prostration où il imagine qu'il revivait en lui-même et en boucle, les différentes étapes-clés de sa vie, de son enfance à sa vie d'adulte. On y croise, bien entendu, sa femme Nelly et ses deux enfants dont on sait qu'il les aima tendrement toute sa vie. On croise la fameuse Nica, la baronne Pannonica de Koenigswarter (branche britannique de la famille Rothschild) qu'il rencontre en France en 1954 lors d'un concert et qui devient une mécène et amie intime de tous ces musiciens de jazz de l'époque be-bop. C'est chez elle que Charlie Parker mourra. C'est aussi chez elle que se réfugiera Monk dès 1976 jusqu'à sa mort en 1982.
Et, bien entendu, on y retrouve tous les "collègues" Charlie Parker, Art Blakey, Ron Carter, Bud Powell, John Coltrane, Miles Davis, …
Au-delà de la musique, de sa vie de famille, les souvenirs affluent et parmi eux, les passages en prison ainsi que ses démêlés avec la justice qui sont autant de jalons de la vie de Monk, qui ont pu contribuer à son enfermement mental.
Le livre est illustré par de nombreuses gravures à la craie de Bruno Liance stylisant Monk dans diverses situations.
Pour être franc, personnellement, je ne recherche pas et goûte peu les biopic surtout de gens que j'aime, me faisant l'effet d'un intrus dans un domaine privé. Même si je conçois qu'on puisse trouver des clés de compréhension de l'œuvre dans le fonctionnement intime de l'artiste, je crois préférer ignorer les détails intimes que l'artiste n'aurait peut-être pas voulu divulguer urbi et orbi. En somme, je suis un très mauvais client de biopics. Parce que j'ai, peut-être, peur d'être déçu en découvrant tel ou tel travers …
La note (obligatoire sur SC) ne reflète que mon point de vue et l'intérêt que je porte à ce genre de livre. Certainement pas la qualité évidente de l'écriture de Roland Brival dont on sent, à chaque page, son immense admiration respectueuse de la musique et de la personnalité de Thelonious Monk et qui mériterait certainement 9 ou 10 tellement c'est bien écrit et parfois émouvant.
Allons, je vais pousser ma note vers 7