Premier livre de Mauriac, trouvé au hasard dans la bibliothèque de mes parents. François Mauriac mérite sa renommée en tant que grand écrivain. Il a une écriture très lisse, les mots coulent le long des pages, un certain lyrisme, une qualité assez remarquable dans la concision de ses descriptions et une force véritable dans la manière de décrire les pensées des personnages et d'en faire ressortir des portraits psychologiquement forts et très empathiques. Le pitch de base ne laisse pas de marbre, cette Thérèse réunit la Thérèse de Zola et son amant, cette femme belle par sa volonté de liberté de penser, son désir de savoir et sa recherche d'un bonheur, d'une plénitude dans un univers où le vague et les faux-semblants sont omniprésents. Cependant, si Mauriac arrive à nous faire espérer, à nous faire accepter tout geste de Thérèse Desqueyroux, son approche trop lisse, laisse de marbre là où le déchaînement des passions devrait triompher.
Alors oui, le livre est un chef-d’œuvre d'écriture, et son auteur a réussi à me voler deux heures d'un après-midi ensoleillé, mais jouant sur ma patience et sur mes grandes espérances concernant un grand éclat qui propulserait l'histoire dans de plus hautes sphères, il a réussi à me décevoir.
Certes, de l'affection pour Thérèse qu'il suscite, et du sentiment d'injustice qui émerge en nous lecteurs, Mauriac réussit son pari, celui de faire aimer une criminelle, mais rendant l'inaction maitresse, l'atavisme et le morne dominant, il ôte tout délice à ce péché, et tout danger imaginable. Est-ce par volonté mimétique de peindre la bourgeoisie de son époque, cette classe de loisir, où l'ostentatoire et le paraitre sont maîtres-mots?
Je rendrai mon verdict final après avoir lu La fin de la nuit, en espérant qu'il n'y aura pas de non-lieu.