Dans cette pièce, l’auteur refuse de faire de l’héroïsme une vertu et du héros antique un modèle. Il met en scène un personnage confronté à des épreuves successives jusqu’au point de rupture. Car la ruine de la famille de Titus, c’est la ruine de l’empire et des valeurs qui y sont associées, et l’incapacité de pardonner qui va contre les valeurs morales et religieuses est présentée dans des scènes de violence grotesques dignes du grand Guignol pour mettre en lumière l’absurdité de la vengeance associée à la folie dont le paroxysme est le banquet final. Titus est le texte de Shakespeare qui représente le plus la souffrance du corps autant que de l’esprit et, comme Saturne avalant ses enfants, les personnages qui digèrent mal l’imposition du pouvoir des autres vont subir les affres de leur propre désir de les posséder.