L'histoire - atroce - des exactions japonaises en Chine lors de la seconde guerre mondiale, et de l'occupation de Nankin en particulier est l'un des épisodes les moins connus de cette guerre (ignoré en occident, nié et oublié en orient). L'idée d'en faire le thème d'un polar horrifique paraissait a priori une excellente idée, nous changeant agréablement (?) des habituels serial killers américains. Et Mo Hayder ne manque pas du nécessaire amour de la culture japonaise (et chinoise) pour enrichir son roman de belles decriptions de la vie à Tokyo. Pourtant, l'accumulation de personnages extrêmes (jusqu'à la narratrice est profondément perturbée, ce qui s'avère une fausse bonne idée, qui décrédibilise beaucoup de situations) et le manque cruel de réalisme de la partie "moderne" du livre le dépouille largement de son intérêt et de sa charge émotionnelle. On aurait préféré, plutôt que cette intrigue prévisible (qui n'a pas deviné la chute au bout de 50 pages n'a pas beaucoup lu !) et cette écriture appliquée mal appropriée aux scènes grand-guignolesques qu'elle décrit, une simple chronique de l'horreur de Nankin. Un livre qui - à ma connaissance du moins - reste à écrire. [Critique écrite en 2008]