En lisant ce livre, je m’ennuyais ferme au milieu de clichés aussi obèses que des lutteurs de sumo, jusqu’au jour où ma femme m’a demandé : « Alors, tu en es où, avec ton bouquin ? » - C’est elle qui m’avait conseillé de le lire après en avoir entendu parler au cours d’une émission littéraire (sans doute sponsorisée par l’éditeur) ne tarissant d’éloges - J’ai donc entrepris de lui résumer les quelques deux-cent-trente pages que j’avais réussi à lire, en forçant le trait, avec moult gestes et mimes… A ma grande surprise, ma compagne, morte de rire et à bout de souffle, parvint péniblement à articuler : « Et bien dit donc, au moins, tu ne t’ennuies pas avec ce livre ! » Alors, tout devint clair ! C’est comme ça qu’il faut le prendre ! Surtout pas au premier degré ! Et tout a changé par la suite.
Peter James est né en août 1948 à Brighton, dans le comté du Sussex de l'Est, c’est un écrivain, un scénariste et un producteur de cinéma britannique.
En littérature, à partir de 1981, il publie une trentaine de romans appartenant aux genres policier, fantastique et horreur. Il crée le commissaire Roy Grace de la police de Brighton pour une série policière d'une dizaine de titres.
En 2005, il obtient le Krimi-Blitz, meilleur auteur de roman policier en Allemagne. En 2006, il obtient le 1er Prix Polar, catégorie Prix Polar International, du 11e Salon Polar & Co de Cognac pour « Comme une tombe ». En 2007, il est finaliste du Prix SNCF du polar pour « La Mort leur va si bien » et obtient le Prix Cœur Noir au Festival Polar dans la Ville de Saint-Quentin-en-Yvelines en 2007.
Personnellement, je découvre cet auteur, Peter James, et son héros, le commissaire Roy Grace et, en faisant quelques recherches, tout un club de fans, tout heureux de retrouver, pour la douzième fois, semble-t-il, ce talentueux commissaire, efficace et débonnaire. Mais, comme je l’ai dit plus haut, je découvre également un amoncellement de clichés que les habitués, sans doute, ne voient plus.
Ainsi, tout d’abord, le vilain petit canard. La fille cadette d'une famille, mal aimée et mal traitée, jalouse de sa sœur aînée, évidemment très jolie et choyée ! Qu’à cela ne tienne elle vouera sa vie à sa revanche, en commençant par supprimer la rivale puis, à coups de bistouris elle fera en sorte de lui ressembler ! Quelle psychologie de haut vol !
Comment réussir dans la vie ? En épousant un millionnaire assez âgé puis en héritant de sa fortune ! Voilà qui est original ! Oui mais on peut se tromper de cible et tomber sur un truand dangereux. Et qu’est-ce qui est à ma mode, aujourd’hui ? Bien vu : la Mafia Russe ! Et ça ne rigole pas avec les Russes ! Elle leur vole une valise de billets (faux, mais elle ne le sait pas) et une clé USB compromettante. C’est bien connu, tout le monde se balade avec des clés USB compromettantes ! Alors, que font nos Russes ? Ils embauchent un tueur à gage Américain (sans doute pour brouiller les pistes !), mais pas n’importe lequel, Mr Tooth, un vrai, un dur, un vétéran de la guerre d’Irak et d’Afghanistan, un tireur d’élite, un sniper, un qui n’a pas froid aux yeux, un qui n’a peur de rien ! Un vrai Rambo ! Un professionnel du crime commandité… il va liquider la pauvre petite héritière arriviste, à petit feu, en la faisant souffrir un max, avant de récupérer la fameuse clé USB ! Telles sont ses instructions. Elle n’a aucune chance, la pauvre petite, elle qui ne dispose que de quelques reptiles pour se débarrasser de ses maris, que peut-elle faire face à un arsenal ambulant ?...
C’est là que tout le génie de l’auteur éclate au grand jour : au moment où Tooth-Rambo, tout aussi ridicule que Sylvester Stallone mais en plus vaniteux, va mettre la main sur la demoiselle, il se fait renverser (et mettre hors course) par… une bicyclette ! ! ! C’est pas beau ça ? Heureusement ça faisait déjà un moment que j’avais compris qu’il ne fallait pas lire ce livre au premier degré mais rigoler avec l’auteur. C’est un marrant Peter ! Il n’en a pas l’air, comme ça, mais…
Malheureusement, à ce petit jeu, il s’essouffle vite, il faut de l’imagination pour maintenir le burlesque ou le loufoque, et notre cher Peter reste un peu guindé, il ose mais il n’ose pas. Parmi ses fans, quelqu’un a suggéré que : « Roy Grace appartient à la famille des Jules Maigret, des Nestor Burma, des Adamsberg » (L’OBS) Je ne pense pas que Georges Simenon ait mis beaucoup de fantaisie dans ses romans. La désinvolture d’un Burma n’a rien à voir avec Grace, le tourmenté. Quant aux situations extravagantes qui font le quotidien de Jean-Baptiste Adamsberg… pour atteindre à la cheville de Fred Vargas, Peter James a encore du chemin à faire (Vous vous souvenez de Quand sort la recluse ?).
Malgré tout on se laisse embarquer et, la curiosité aidant, on finit par se demander comment tout cela va finir en espérant qu’enfin, un peu d’originalité apporte une étincelle. Et bien, de l’originalité, il n’y en aura pas. Fini de sourire, fini le second degré, on tombe dans la banalité cousue de fil blanc où tous les rebondissements sont à ce point téléphonés qu’il faut croire que Peter a voulu créer un nouveau genre, le “no-thriller”.