Sois belle et tais-toi [Chroniques d'un élève de terminale L, partie 1]
J'ai eu l'occasion de lire Tous les matins du monde dans le cadre de ma terminale L, c'est-à-dire cette année. C'est un livre connu pour être sobre, structuré clairement autour de 27 chapitre qui dépassent rarement les deux pages, et une réflexion sur la musique, la "vraie" musique.
Si il n'y a pas grand chose à redire sur les deux premiers points, c'est la portée philosophique du livre qui pose problème. L'écriture de Quignard est minimaliste et cherche à suggérer plutôt qu'à montrer: le cadre de l'intrigue est posé en quatre lignes, les personnages très brièvement décrits et le récit se concentre sur les relations entre les différents protagonistes, et les maximes de St-Colombe.
Le livre se divise en trois parties: la vie de la famille St-Colombe avant l'arrivée de Marin Marais, l'arrivée et le séjour de ce dernier, et la vie de la famille après son départ, dernière partie où la mort et la décrépitude sont centrales, en opposition avec la gloire que connaît Marin Marais à Versailles. Les 27 chapitres qui composent le roman sont autant de "tableaux": des scènes très brèves dans un cadre fermé, où chaque détail a son importance (d'où la sobriété de l'écriture). En cela, le livre est plaisant à lire et à relire puisqu'il se lit très vite (1h/1h30 max) et que l'imaginaire prend vite le dessus, stimulé par la légèreté de l'écriture.
Seulement voilà, l'ensemble de l'oeuvre est plombé et alourdi par les réflexions pseudo-philosophiques de St-Colombe, snobant jusqu'au bout Marin Marais qui n'attend de la musique rien de plus que de pouvoir en vivre. Si l'élévation spirituelle par la musique dont parle St-Colombe est louable, le ton et le propos du roman ne renvoient que vers du vide, ou alors du déjà-vu déjà-lu proche du cliché (la musique comme langage alternatif, trouver l'essence des choses, etc).
Un roman agréable à lire, mais dont le propos ennuie voire agace, ce qui est bien dommage. Pour finir sur une note poétique, je dirais que c'est de la merde emballée dans de la soie (et quelle soie!).